mercredi 10 décembre 2014

Naître sous une bonne étoile...

Ce jour du 10 décembre ne marque pas uniquement ce tournant de la cinquantaine, il marque un anniversaire drôlement plus important que le miens, et qui m'est très cher: « le 10 décembre 1948, les 58 États Membres qui constituaient alors l’Assemblée générale ont adopté la Déclaration universelle des droits de l’homme à Paris au Palais de Chaillot (résolution 217 A (III)) »  comme le relate la présentation de ce texte de la Déclaration.

Ce texte m'est très cher et pour plusieurs raisons.

La première tient au cours de théologie morale que j'ai reçu à l'automne de 1996, alors que j'étais étudiant au Grand séminaire de Montréal. Monsieur Charles Granche, p.s.s. (il n'est plus des nôtres depuis), qui était notre professeur, avait débuté sa session en nous offrant une réflexion à partir de ce texte fondamental, post Seconde Guerre Mondiale. Depuis, je conserve un attachement très organique à ce texte de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme, tellement j'en perçois l'importance et la portée, surtout en ces temps chaotiques que vit l'humanité, et ce, à de multiples égards.

La seconde raison tient au fait que j'ai un attachement profond et réel aux valeurs humanistes. Si ma formation philosophique, également reçue chez les Sulpiciens, à qui je dois tout au plan intellectuel, explique cet attachement, je dirais qu'un profond sentiment de justice (dans le sens d'équité et de chances égales pour tous) qui m'habite depuis toujours, l'explique aussi.

La troisième raison, et je le mentionnais tantôt, tient au fait que nous vivons, en tant qu'humanité, des temps terriblement troubles, voire ténébreux, depuis près de vingt-cinq ans. Et que rien ne me permet d'être optimiste pour l'humanité, quand bien même j'entends en quelque part dans ma mémoire, les paroles de Hubert Reeves me suggérant le contraire. Je ne vais pas énumérer ici la longue liste de tout ce que je trouve d'inquiétant pour l'humanité, celles et ceux qui me lisent savent de quoi il en retourne, je dirais simplement qu'un bon coup de prise de conscience par cette humanité est devenu un impératif, afin qu'elle se ressaisisse et corrige la trajectoire de son cheminement présent; car si elle ne change pas de manière radicale, cette trajectoire lui sera fatale, et ce à très court terme.


Pour qu'un tel coup de prise de conscience puisse se faire, je crois que toute personne appelée à jouer un rôle important en société, autant comme citoyen ordinaire, chef d'entreprise, intellectuel, scientifique, fonctionnaire, membres des forces de l'ordre, militaire, syndicaliste, politicien, chef d'État ou n'importe qui d'autre accomplissant son devoir d'état, devrait connaître ce texte de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme par cœur et l’avoir à cœur en tout temps, et que toujours il lui soit présent à l'esprit, quoiqu'elle ou il fasse dans sa vie quotidienne.


L'exemple de la vie de ce géant que fut Jean Béliveau, que nous avons salué de manière collective aujourd'hui pour une dernière fois, ne montre-t-il pas ce type de conscience humaine que ce grand texte de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme devrait susciter, partout dans le monde?

mercredi 8 octobre 2014

Se réapproprier le Mouvement Desjardins.

Si nous avions une Bastille à Montréal, j'irais la prendre en Jupiter!

Il est vraiment temps qu'un grand coup de balais soit donné au Québec, et peut-être pas celui que Monique F. Leroux, présidente chez Desjardins, veut pour tous sans passer par son propre statut de millionnaire!

Madame Leroux, après avoir lu vos propos dans l'article « L'austérité: le passage obligé des Québécois » dans l'édition du Journal de Montréal du 6 octobre dernier, et surtout avoir été témoin d'une attitude que je trouve déplacée pour une présidente d'un mouvement coopératif (dénudé de tout sens au point où j'interroge mon appartenance à ce dernier), j'ai décidé de prendre la plume et de réagir publiquement.

Je suis très inconfortable avec l'idée de vous avoir comme présidente madame, surtout dans le contexte où l'on connaît votre salaire faramineux et que les fins de mois doivent certainement être le cadet de vos soucis, contrairement aux 90% des membres du mouvement que vous présidez.

Alphonse Desjardins a fondé ce mouvement parce qu'il a su faire preuve d’empathie par rapport à son milieu et à son temps; aujourd'hui nous (les membres) devons subir des positions publiques et des décisions venant d'une présidente dont on ne perçoit rien de tout cela. Au contraire, vos positions néolibérales sur des enjeux majeurs, comme celui d'un régime d'austérité, apparemment incontournable au Québec à ce moment-ci de notre histoire, sont aux antipodes de l'idéal coopératif et de solidarité du mouvement que vous présidez!

Membres du Mouvement Desjardins, j'en appel à une rébellion ouverte à l'endroit de Monique F. Leroux, et organisons une destitution de sa présidence. En tant que membre de ce mouvement coopératif, nous en avons le pouvoir et surtout le devoir à l'endroit de la mémoire de notre fondateur, Alphonse Desjardins.

Maudit que je me retiens pour ne pas verser en une terrible colère, vous ne pouvez vous imaginez comment elle me brûle les doigts quand je me fait rire en pleine face de cette manière là!

Normand Perry
Membre du Mouvement coopératif Desjardins.

Les Rockefeller + FIA Formule E = Révolution énergétique mondiale.

Cela est presque passé inaperçu dans les médias nationaux du Québec récemment, mais une véritable chiquenaude est survenue dans le monde de la finance, chez nos voisins américains à Wall Street le 22 septembre dernier.

Les Rockefeller ont retirés leurs billes du secteur pétrolier, afin de réinvestir ces importantes sommes vers le combat contre le réchauffement climatique. Ce n'est pas rien, que cette nouvelle! Surtout lorsque nous savons que la fortune immense de cette famille s'est enraciné dans les énergies fossiles.

Lors de la première course de championnat de FIA Formula E à Beijing le 13 septembre dernier, je me réjouissais de voir cet événement comme une véritable révolution.  Non seulement  une révolution en course automobile, mais dans l'industrie automobile dans son ensemble, puisque le développement de ces voitures de courses électriques, par les ingénieurs du milieu, va constituer un véritable laboratoire (comme c'est toujours le cas dans les courses de voitures de haut niveau), qui va propulser le marché de l'automobile vers l'énergie électrique, et que cette même révolution constitue le début de la fin de l'industrie pétrolière.

Ce que Les Rockefeller ont réalisé cette semaine vient cristalliser, assez solidement, les retombées de cette même révolution. Adieu aux pétrolières et bye bye aux sables bitumineux albertains. Car si le mouvement entamé par les Rockefeller provoque une cascade sur les marchés boursiers et que d'autres grandes fortunes influentes de la planète décident d'aller dans le même sens pour le combat contre le réchauffement climatique, l'industrie pétrolière va décliner, peut-être beaucoup rapidement que certains pourraient le croire en ce moment à Québec et à Ottawa.

Ce qui devrait donner une impulsion additionnelle aux groupes qui combattent, contre vents et marées, les projets pétroliers qui concerne le Québec: que ce soit par le transport du pétrole sur notre fleuve St-Laurent, source d'approvisionnement en eau potable d'une très grande partie de la population québécoise; que ce soit sur les tracés d'oléoducs où le pétrole acheminé vers le Québec servira surtout à l'exportation; que ce soit dans les projets d'exploration et d'exploitation pétroliers dans le St-Laurent (encore!), en Gaspésie et sur l'Île d'Anticosti.

Au total le Québec coure beaucoup plus de risques de catastrophes graves et irréparables en matière de pétrole que de bénéfices que tous les citoyens pourraient en retirer par l'État. Les groupes environnementaux qui combattent actuellement ces projets doivent redoubler d'ardeur et d'énergie, car la révolution de la propulsion électrique en automobile vient de recevoir un très sérieux coup de pouce, inattendu tout autant qu'inespéré, de la famille Rockefeller.

Ce texte a été publié sur le Huffington Post Québec le 29 septembre 2014.

samedi 13 septembre 2014

Le paradoxe écossais

Jeudi le 18 septembre prochain, le Royaume-Uni va vivre un moment historique, celui du référendum sur l’indépendance de l’Écosse. Après une année de campagne référendaire, les Écossaises et Écossais décideront de quitter ou non le Royaume-Uni, et s’ils le quittent, ce sera pour former un pays indépendant, répondant ainsi à une aspiration quelques fois centenaires. Autant pour la Catalogne, le Québec et peut-être d’autres endroits dans le monde, ce qui va se passer en Écosse ce 18 septembre, aura une influence plus ou moins grande, sur le plan politique, des aspirations des peuples cherchant à gagner le statut de pays indépendant, d’où la si grande attention que ce scrutin revêt déjà aux yeux de plusieurs, opposants comme en faveur d’une indépendance nationale sur leur territoire respectif.

Les règles du jeu : soyons « gentlemen »…

L’aspect de cette campagne référendaire qui retient le plus mon attention et mon intérêt, ce sont les règles du jeu que ce sont donné, sur entente négocié et préalable, Londres et Édimbourg avant le déclenchement de la campagne référendaire en Écosse. 

Peut importe les motifs ayant incité le parlement de Westminster à inviter leur vis-à-vis d’Édimbourg à s’asseoir à une table de négociation, visant à déterminer les règles du jeu référendaire, dans le but d’avoir une campagne et des résultats qui ne puissent être contesté par qui que ce soit, qu’importe le résultat final, cette négociation de « gentlemen » est fort louable et doit servir d’exemple partout ailleurs dans le monde où va se tenir de futurs consultations populaires sur l’autodétermination d’un peuple. Si cette procédure de bonne entente à l’amiable ne peut être considéré comme étant une jurisprudence au plan juridique, cette procédure doit inspirer les indépendantistes à faire des pressions politiques sur les législatures impliqués au plan politique.

Ce qui est intéressant de cette entente à l’amiable entre Londres et Édimbourg est la reconnaissance d’un résultat de 50% + 1 vote pour le clan gagnant du référendum; l’entente commune sur l’élaboration d’une question claire; d’avoir permis le vote à partir de l’âge de 16 ans. Après-tout, n’est-ce pas la jeunesse d’une nation qui est la plus intéressé, objectivement parlant, par l’avenir de son pays?

En regardant cette entente comme modèle pour l’avenir, ici au Québec, des « amanchures » comme 1995 ou 1980 ne seront plus possible. Québec et Ottawa ont désormais l’obligation morale de s’asseoir ensemble afin de déterminer les règles d’une éventuelle consultation sur l’indépendance du Québec. Le temps est venu que nous sachions nous comporter en « gentlemen » de part et d’autre de la rive des Outaouais. Et il faut féliciter les parlementaires de Westminster de leur initiative dans ce processus, nonobstant l’argumentaire politique et tactiques de campagne employés par l’Angleterre durant la campagne référendaire.

Le fameux paradoxe

En écoutant ce matin « Faut pas croire tout ce qu’on dit » (que vous pouvez entendre sur le site) animé par Michel Lacombe sur les ondes de ICI Radio-Canada Première, j’ai été stupéfait d’apprendre que si le résultat du référendum était en faveur de l’indépendance de l’Écosse, imaginez-vous que les Écossais garderont tout-de-même le lien qu’ils ont à la monarchie anglaise. Je ne dirais pas les gros mots anglais que j’ai en tête en ce moment, mais pincez-moi quelqu’un, je ne la comprends tout simplement pas, celle-là. Mais c’est quoi la « joke » au juste?

Comment un peuple sous domination d’une autre nation depuis de si nombreux siècles, qui aspire de toutes ses forces à une liberté légitime et qui se donne les moyens d’y parvenir par cette consultation historique du 18 septembre 2014, peut-il par la suite, accepter de demeurer littéralement sous la jupe de la reine d’Angleterre? 

D’après ce que j’ai pu comprendre de la part des spécialistes de la question au micro de Michel Lacombe, il semblerait que ce lien entre l’Écosse et l’Angleterre serait la résultante de l’union des couronnes au moment où Jacques 1er, roi d’Écosse, aurait accédé au trône de l’Angleterre après le décès d’Élizabeth 1ère, décédée sans héritier. Mais d’après ce que je peux comprendre du contexte historique livré dans la rubrique à ce propos sur Wikipédia, cette union des couronnes n’a rien d’organique ni de politique. Comment il se fait que l’Écosse demeurera, même indépendante au plan de la gouvernance, sous dépendance de la monarchie anglaise? Pourquoi ne pas profiter de l’indépendance pour passer le coup de balais dans cette institution devenue tellement désuète, que même beaucoup d’Anglais n’en veulent plus pour eux-mêmes?

Quoi qu’il en soit, si un Québec indépendant est pour demeurer sous la jupe d’un monarque d’Angleterre une fois que son peuple aurait décidé de son indépendance, alors vaut mieux rester dans nos conditions actuelles, car je n’y vois aucun changement, de quelque nature que ce soit. Vraiment aucun!

Vivement une république pour le Québec!


Ce texte a été publié sur le Huffington Post Québec le 16 septembre 2014.

lundi 7 avril 2014

Le droit de vote par devoir, un strict minimum.

Si voter est un droit, ce droit est accompagné d'un corollaire qu'est le devoir citoyen, comme l'exprime très bien le chroniqueur du journal Le Devoir ce matin, Antoine Robitaille.

Je n'ai pas aimé cette campagne électorale au point de m'en avoir donné des hauts le cœur, ce qui n'est pas banal chez un « Obélix » de la politique comme je puis l'être depuis l'âge de douze ans.


J'ai pourtant exercé ce devoir de citoyen, bien avant de voter (vote par anticipation). Car pour exercer son droit de vote, et le faire de manière consciencieuse, il faut faire l'effort de s'informer. S'achète-t-on une maison ou une voiture sans d'abord connaitre le produit sur lequel nous nous apprêtons à lever une hypothèque ou un emprunt bancaire substantiel, sans faire inspecter ce produit sur lequel nous allons non seulement investir un montant important, mais avec lequel nous passerons plusieurs années de notre vie? 

S'en tenir strictement à la campagne électorale, à de l'information filtré au travers les grands médias et les réseaux sociaux, c'est exercer son devoir de citoyen à moitié. Pour exercer son droit de vote et devoir de citoyen, il faut faire l'effort de prendre connaissance des plateformes électorales lors des campagnes, et pour que notre vote puisse avoir tout son poids, il faut faire l’effort de connaître les programmes électoraux des diverses formations en dehors des campagnes électorales, de la même manière que nous prenons des précautions élémentaires lorsque nous allons investir des sommes importantes sur un bien de consommation à long cycle de durée, tel qu'une maison ou une voiture.


Et je dirais en plus, que le sommet de toute cette démarche électorale, est de faire abstraction de la rhétorique des chefs en campagne, surtout celle-ci de 2014, puisque leur discours est bien souvent réduit qu'à très peu de choses, parfois au dehors de la substance même de ce que nous devrions savoir pour voter en toute connaissance de cause.

N'oublions jamais qu'en bien des endroits dans le monde, on se bat et on meurt pour avoir de la démocratie et un droit de vote. Le système démocratique que nous avons ici, quoique très imparfait, permet à tout citoyen majeur de s'exprimer le jour du vote certes, mais aussi de s'exprimer de moult façons au dehors des campagnes électorales et du jour du vote. 

Mais en n'allant pas voter, pour quelque raison que ce soit, nous ne sommes plus autorisés à critiquer quoi que ce soit ou qui ce soit dans le monde politique. Et en refusant d’exercer son droit de vote et devoir de citoyen, nous remettons les clés de notre vie publique entre les mains de groupes d’intérêts qui ont grand avantage à ne pas vous voir pointer le bout du nez dans un bureau de scrutin. Et nous voyons bien ce que ça donne comme résultats à la Commission Charbonneau depuis plusieurs mois…

Allez voter: si ce n'est pas par conviction, allez-y au moins par devoir citoyen.

samedi 22 mars 2014

Lorsque l'heure est grave, il faut envisager l'improbable.

Je trouve qu'à cette étape-ci de la campagne électorale, ni le PQ, ni QS n'ont intérêt commun à se lancer toutes sortes d'invectives par les réseaux sociaux sur la question nationale.

La perspective de l'élection d'un gouvernement libéral répugne à ma raison, soyons clair, et à la raison de la grande majorité des indépendantistes du Québec, j'en suis convaincu.

À cette étape-ci de la campagne, il est trop tard pour convaincre des militants de QS de joindre les rangs du PQ pour espérer remporter la majorité le 7 avril, et inversement, la chose est peine perdue également.

Cependant la perspective d'un gouvernement libéral majoritaire, elle, est une menace bien réelle, et il faut prendre les moyens de la combattre.

Par un appel au vote stratégique? Certainement pas.

J'ai invité un député-ministre du PQ à entreprendre du travail de coulisse, avec les gens de son entourage au PQ ayant l'esprit ouvert, pour des négociations avec des gens de la direction de QS, et ce, dans le but de concéder, immédiatement, de part et d'autre, des circonscriptions à l'autre parti où les chances d'élire un député est la plus réelle. Le fera-t-il? Il n'a de compte à rendre à qui que ce soit en cette matière, il ne me reste que l'espoir pour qu'il arrive à faire la prise de conscience nécessaire dans les circonstances présentes.

Autrement dit, chacun devra accepter, autant à QS qu'au PQ, de retirer des candidats respectifs, et ce, dans le but de former un gouvernement de coalition. Nous n'avons plus le choix de l'envisager ainsi, sous cet angle, si nous ne voulons pas être forcés de vivre quatre années d'un gouvernement libéral majoritaire. 

Si je me restreins, intellectuellement parlant, à me faire à l'idée d'une telle coalition gouvernementale, c'est que l'heure est grave. Je suis conscient que cela va demander des concessions idéologiques, pour un certain temps à QS, et l'inverse est semblable au PQ. Et puisque le PQ est le plus grand, en termes d'expériences au gouvernement et en nombres d'adhérents, pourquoi ne ferait-il pas preuve d'humilité en effectuant les premiers pas, en offrant d'emblée quelque chose d'intéressant pour fin de discussions à QS?

Je me suis décollé le nez de l'arbre pour avoir un regard clair sur l'horizon au 7 avril, je sais que plusieurs péquistes ont la capacité d'en faire autant. L'heure est venue pour tous les souverainistes du Québec, peu importe la bannière où ils logent, de faire passer les intérêts de la patrie avant ceux du parti.

mercredi 19 mars 2014

À notre service, vraiment?

Cette campagne électorale actuelle au Québec est devenue lamentablement médiocre. PQ, CAQ, PLQ, ON et QS: ce n'est pas par la diabolisation et la peur de vos adversaires que vous allez vous gagner mon vote, jamais de la vie! 

Jean Lesage et son équipe du tonnerre a remporté une élection thématique  sur la nationalisation de l'électricité dans les années soixante, en menant une campagne exaltante sur un projet vitalisant pour le Québec de l'époque.

Notre Québec actuel est dans l'une de ces périodes les plus moroses de son histoire (de mémoire d'homme), si vous avez un projet exaltant et vitalisant pour le Québec d'aujourd'hui, c'est ce qui m'intéresse dans cette campagne électorale. 

Un parti politique devrait se mériter la gouvernance de son peuple par sa capacité de le faire grandir et croître de manière équitable et juste. Si vous n'avez rien d'autre que "pitchage" de boue à faire durant cette campagne, alors vous ne vous mériterez mon vote d'aucune manière, ni l'un ni l'autre.

La "game" politique, dans le visage qui nous est présenté au Québec de nos jours, m'écœure royalement. Et il y a fort à parier que c'est le lot d'une grande majorité de la population québécoise, ceux qui, le jour du vote, vont bouder l’isoloir en guise de protestation de votre grande pièce théâtrale que vous ne jouez que pour quelques initiés fanatiques.

Le temps n'est-il pas venu de changer de registre et de vous montrer digne des fonctions que vous prétendez vouloir occuper, prétendument à notre service?

lundi 17 mars 2014

Terminus.

Peu importe le programme électoral que j'examine au Québec présentement, il y a des choses qui sont contraire à mes valeurs, partout et dans tous les programmes: de gauche à droite, de bas en haut tout comme en diagonale.

La seule chose que je veux vraiment avoir est un pays et cela ne figure nul part dans les propositions de la campagne électorale actuelle. Et je ne veux rien savoir de la constitution de 1982!


Et puisque nous sommes "pogné" dans un système politique archaïque, où il est impossible de choisir un élu législatif qui n'est pas obligatoirement membre de l'exécutif au gouvernement, et vice versa, je m'autoproclame donc athée politique, parce que je ne veux plus rien savoir d'un système qui t'oblige à voter contre tes principes les plus fondamentaux et tes valeurs les plus chères.


Ça fait que je décroche de cet archaïsme pour officiellement joindre le rang des cyniques de la politique québécoise.


Et ne me demandez pas quel pour parti je vais voter, car je ne le sais plus, et si je prend une décision un jour, avant le 7 avril, de faire un choix, je ne le dirais plus jamais à personne, car au Québec, on semble avoir bien de la misère à respecter la conscience d'autrui en cette matière.


C'est supposé être l'un des fondement de notre démocratie!


En réalité, la démocratie au Québec, au vrai sens grec du terme, elle n'existe plus. Nous assistons à du grand théâtre où le citoyen n'est qu'un pauvre spectateur impuissant face à son destin collectif. C'est ça la triste histoire du Québec en termes de vie démocratique: une vie collective où le citoyen n'a plus aucune emprise sur celle-ci. Plus aucune.


J'en ai assez de me faire quêter mon vote par des gens qui ne cherche que du pouvoir comme une fin en soit, et non comme un moyen pour mettre en oeuvre un projet de société qui fait rêver! Il n'y a plus rien d'inspirant et d'emballant dans la politique québécoise. J'ai mon voyage, au revoir, terminus.

mercredi 5 février 2014

Une imposture qui se dévoile au grand jour...

Le mercredi 29 janvier 2014, Gilles Duceppe lance sur son compte Twitter la remarque suivante « L'étude des HEC Montréal sur la situation des finances au Québec est préoccupante. Ne faut-il pas indexer annuellement les tarifs? ». En tombant sur cette déclaration, il n'en fallait pas plus pour éveiller le pourfendeur du capitalisme néolibéral que je suis devenu.

Après avoir été chef du Bloc québécois, suite une carrière syndicale à la CSN et une jeunesse militante dédiée au communisme, Gilles Duceppe rendait ainsi public, et sans grande équivoque, sa conversion au discours ambiant de la droite québécoise, qui ne cherche qu'une chose depuis plus d'une décennie: aider l'enrichissement d'une infime minorité de citoyens du Québec, tout en anéantissant ce qui reste de la classe moyenne. Cela n'est pas singulier au Québec, c'est un fait généralisé partout dans le monde occidental. Observez ce qui se passe en Grèce, en Espagne, en Italie, aux États-Unis ou en France pour en prendre conscience.

Que les choses soient bien claires: je ne fais pas l'apologie du communisme. C'est un système qui a lamentablement échoué au XXe siècle, notamment en U.R.S.S., où il s'est effondré comme un château de cartes, soixante-dix ans après la Révolution bolchevique; un système qui a tenté de s'imposer par la force des armes, la répression et l'anéantissement des droits fondamentaux de l'homme. À la chute du mur de Berlin en 1989, le communisme s'est effondré partout dans les pays européens où on avait tenté de l'implanter de force. À Cuba, c'est une question de temps avant qu'il ne disparaisse et en Chine, le communisme pur et dur (idéologiquement) a fait place à un système de façade pour tenir la grande majorité des Chinois dans un quasi-esclavage (implantation des industries occidentales délocalisées d'ici, créant chômage et misère, alors que les Chinois gagnent à peine quelques croûtons de pain, en travaillant comme des forcenés), tandis qu'une très petite minorité engrange des milliards de dollars dans des comptes bancaires la plupart du temps off-shore.

Mais prenons garde: le capitalisme néolibéral n'est guère mieux, et je dirais même qu'il est pire!

Depuis quelque temps, au Québec, nous voyons des figures dominantes du mouvement indépendantiste tenir un langage de moins en moins patriotique et on entend sortir de leur bouche, ou de leur clavier, un discours aux notes discordantes de ce qu'on a l'habitude de voir ou d'entendre d'eux. Depuis Lucien Bouchard, en passant par Bernard Landry, Joseph Facal, Pauline Marois et maintenant Gilles Duceppe (j'en oublie certainement d'autres involontairement), ils semblent tous avoir troqué l'idéal patriotique pour l'idéal ploutocrate! On aura beau nous répéter que «l'indépendance n'est ni à gauche, ni à droite, mais devant», le problème est que vous êtes tous assis sur le plateau droit de la balance : ne sentez-vous pas le déséquilibre dont vous êtes les créateurs? En tout cas, on le voit, on le vit et on le subit dans notre quotidien!


La grande fissure...

Entre 1996 et 2001, à l'époque où Lucien Bouchard a été premier ministre du Québec, l'année 1998 marquera l'instauration du discours et de l'action gouvernementale québécoise de l'austérité économique. Depuis lors, tous les gouvernements, libéraux comme péquistes, ne cessent de nous servir cette soupe indigeste, tous sans exception. Ça fait quinze ans que ça dure. Et ça va faire!


Curieusement, un parallèle intéressant est à établir avec les débuts de la grande fissure dans le mouvement indépendantiste au Québec. Les sociaux-démocrates (dont je crois toujours être) se sentent trahis par les tenants de la pensée économique néolibérale. Beaucoup se plaignent de voir apparaître et fortifier la division dans le mouvement indépendantiste, mais ne feront aucune concession, par ailleurs, dans leur plan, leur discours et leurs actions qui anéantissent de plus en plus la classe moyenne. Depuis 1998, ma propre situation économique ne s'est pas améliorée d'une année à l'autre, et la situation est semblable pour plusieurs personnes de mon entourage immédiat et élargi. Et à entendre beaucoup de gens sur la place publique, c'est une situation généralisée dans le Québec en entier.


Jumelé au fédéralisme canadien et imposé comme une chape de plomb sur le Québec, le capitalisme néolibéral nous engloutit tous (ceux de la classe moyenne) dans un néant semblable à du sable mouvant! Plus on tente de bouger pour s'en sortir, plus on cale vers notre disparition, et c'est exactement ce qui se produit avec la classe moyenne au Québec.


Si le système communiste a échoué en une lamentable faillite à la fin des années 80, en Europe tout comme en U.R.S.S., le capitalisme néolibéral a prouvé hors de tout doute raisonnable, en 2008, qu'il est comme le Titanic qui ne cesse de prendre l'eau et qui va s'enfoncer tout droit vers les bas-fonds des océans. La preuve est que la relance économique tant répétée dans les médias depuis n'arrivera jamais! Nous sommes plongés en pleine dépression semblable à celle qui a suivi le Krach boursier de 1929, et nous faisons face à une crise encore pire que celle des années 30!


Pire, parce que pendant que la classe moyenne tend à disparaître en s'amincissant comme peau de chagrin, des études récentes et répétées depuis plusieurs années démontrent que les plus fortunés de la planète, eux, ne cessent d'engranger des milliards par-dessus milliards, par-dessus milliards. Cherchez l'erreur! Alors quand j'en entends certains, au Québec, nous dire qu'il faut créer de la richesse pour la redistribuer, alors je leur rétorque : «Vous vous amusez à nous leurrer avec les plus grands sophismes qui puissent être!» La richesse existe, mais ne s'en va que dans une seule direction : les comptes bancaires et off-shore de ceux qui forment le 1%; les plus fortunés.


Bâtir un Québec fort, mais avec qui et avec quoi au juste?

À celle et ceux que j'ai précédemment nommés dans le sixième paragraphe de ce présent texte, j'ai une question fort simple à poser : si vous poursuivez ainsi l'appauvrissement de la grande majorité de la population québécoise par votre régime d'austérité étouffant, comment allons-nous et avec quoi allons-nous bâtir le Québec supposément indépendant, dont vous êtes censés être les porte-étendards?


Ne vous rendez-vous pas compte que vous êtes en train de tuer la force vitale québécoise, qui a permis la levée du Québec ingénieux, entrepreneur et vaillant des années 1960, 70 et 80?


Ne vous rendez-vous pas compte aussi que vous êtes en train de créer un véritable tiers-monde ici, en ouvrant les portes toutes grandes (par législation!!!) à des formes pernicieuses d'esclavage, avec vos traités de libre-échange qui ne favorisent pas qui que ce soit dans la classe moyenne? Avez-vous pris conscience jusqu'à quel point ce mondialisme économique et financier bafoue de plusieurs manières la Déclaration universelle des droits de l'Homme de 1948, ici, comme partout ailleurs dans le monde?

Ultimement, comment pensez-vous être en mesure de vous allier des citoyennes et citoyens de la classe moyenne au Québec, et obtenir un appui majoritaire dans la cause de l'indépendance, alors que nous assistons (et subissons) impuissants, nous de cette classe moyenne, à la destruction économique systématisée de notre statut et notre régime de vie depuis 1998?


D'ici à ce que vous changiez votre fusil d'épaule, et à ce que vos discours et actions se recentrent sur le patriotisme québécois uniquement, je vais cesser de militer pour la cause indépendantiste, car elle n'arrivera jamais par la voie de cette obsession économique et financière qui mène à la destruction massive d'une classe de la société. Ne me comptez pas pour autant dans le camp fédéraliste, car il est pire.


Mais en attendant que ce jour arrive, s'il arrive, il y a une guerre à mener contre un capitalisme néolibéral** qui emprisonne l'humanité sous son emprise, en la conduisant vers un désordre et une destruction planétaire sans commune mesure dans l'Histoire! 2014 sera une année charnière dans cette grande bataille, et je vais être au front pour la mener et la gagner!

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**Une lettre reçu par courriel cette semaine par Claude Béland, me démontrait que j'ai raison de dénoncer l'imposture des ténors du souverainisme du Québec, et combien ai-je raison de choisir le combat contre le néolibéralisme, avant celui de l'indépendance. Car le premier concerne la dignité humaine, il est plus grand en importance par rapport au second: «Je suis d'accord avec vous. C'est d'ailleurs le thème de la plupart de mes conférences (une trentaine en 2013) et de mes deux derniers livres : Plaidoyer pour une économie solidaire (Médiaspaul) et L'évolution du coopératisme dans le monde et au Québec (FIDES).

Le Québec n'a pas d'avenir s'il choisit l'individualisme - et s'il mise sur les succès individuels pour sauver la nation. C'est par la solidarité, la recherche d'une certaine égalité, du souci de l'autre que ce peuple a survécu. S'il renonce à l'associationnisme ou le collectivisme, la survie de notre peuple est en danger. Il ne faut pas cesser de le répéter !» -Claude Béland. (Publié avec la permission de l'auteur).



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P.S.: Un rapport publié dans le journal Le Devoir, le 23 février 2014 (presque vingt jours après la publication du présent billet) confirme, chiffres à l'appui, la thèse que je présente d'une destruction massive de la classe moyenne: «La classe moyenne canadienne est en difficulté, selon un rapport».

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Ce billet est publié sur:


* Je vous invite à lire sur un sujet similaire dans le Voir, la chronique de Normand Baillargeon, un penseur pour qui j'ai la plus haute estime; il est professeur à l'UQAM en philosophie de l’éducation. Il vaut la peine de lire son billet du 5 février 2014, sous le titre: D’un trou noir à l’autre. C'est un texte qui démontre la grande acuité de la pensée de cet auteur, qui, de manière brillante, fait un lien de l'astrophysique à l'économie: un texte aux accents « punché ».

lundi 20 janvier 2014

Manifeste pour sortir de la dépendance au pétrole

En conformité et cohérence de mon dernier texte (du 12 janvier 2014) en réaction au manifeste pour l'exploitation pétrolière, je signe ce manifeste pour nous sortir de la dépendance au pétrole.

Je vous encourage tous à en faire autant, si vous avez le désir de léguer à nos générations naissantes et futures une Terre en santé.

Posons-nous en âme et conscience la question suivante: que nous sert-il de livrer un Québec désendetté et un peu plus riche au plan économique, si l'humanité est pour disparaître de la surface du globe terrestre, à très court terme, parce que nous faisons des choix économiques qui détruisent les milieux que nous habitons?

Posez-vous la question!

http://poursortirdupetrole.com/

dimanche 12 janvier 2014

Ils pèchent par omission, et plusieurs fois plutôt qu’une!

À propos du manifeste pour l’exploitation du pétrole


Alors que le gouvernement du Parti québécois s’est engagé, en 2013, dans une politique de l’électrification des transports, pour des raisons de développement durable et de combat face au réchauffement climatique, essentiellement, ce même gouvernement mène un combat inverse sur le front pétrolier. D’abord, en enfonçant dans le gosier du peuple, jamais consulté sur la question, le renversement d’un oléoduc (en piteux état) pour faire passer le pétrole, pas très propre, de l’Alberta sur notre territoire, puis avec la promotion de l’exploration et éventuellement l’exploitation du pétrole qui pourrait se trouver en notre territoire. 

Que met en relief ce dualisme? Il démontre que ce gouvernement (comme la plupart des gouvernements d’Occident, guidés uniquement par la pensée économique néolibérale)  fait miroiter à la population du Québec qu’il se préoccupe de développement durable, alors qu’en même temps il agit de manière contraire à ses propres principes écologiques, au nom de supposés gros profits gagnés rapidement, tout en risquant de détruire des milieux environnementaux, essentiels à la vie biologique, de quelque nature que ce soit.

Le manifeste

Dans un manifeste (pour tirer profit collectivement de notre pétrole) qu’ils publièrent le 8 janvier 2014, dix signataires issus du monde économique québécois, dont l’ancien premier ministre Bernard Landry, l’ancienne ministre des finances Monique Jérôme-Forget et l’ancien président du Conseil du Trésor du Québec Joseph Facal, entre autres, y vont en chœur d’une déclaration aux accents d’une urgence économique propre à la droite néolibérale. Parmi les dix signataires, curieusement, aucun que l’on pourrait identifier à la sociale démocratie ou à la gauche économique. AUCUN.

Les omissions

Une fois de plus, alors que des penseurs et des acteurs économiques de la droite néolibérale prennent la parole sur un sujet donné, la dette publique du Québec est présentée comme un argument lourd, incontournable et surtout déformé!  Moi-même ayant été formé en comptabilité aux HEC, je sais que de tout simplement présenter une dette brute sans les actifs qui la balancent est fort questionnable au plan de l’honnêteté intellectuelle! Première omission d’importance dans ce document.

La seconde omission de ce manifeste, et elle est de taille, c’est qu’après avoir tenté de démontrer que la situation économique catastrophique du Québec nécessite une exploitation incontournable du pétrole qui pourrait se trouver sur notre territoire, les signataires prétendent que les revenus provenant de l’exploitation de ce pétrole seraient la solution magique à tous nos problèmes de dettes et de finances publiques. Si c’est le secteur privé qui exploite et ramasse le plus gros des profits de cette exploitation, l’État n’y gagnera que très peu de choses. Puisque l’on insiste sur cette richesse « collective », le corollaire logique des prémisses de ce document est la nationalisation. En l’absence de ce corollaire logique, quels groupes d’intérêts seront les véritables gagnants de cette manne? Curieusement ils ne sont point nommés explicitement dans ce document, mais c’est écrit en gros caractères gras entre les lignes : le privé, ses industries et les actionnaires de ces entreprises.

Autre omission, plus subtile celle-là : quoique l’on mentionne la nécessité d’exploiter le pétrole dans le respect de l’environnement en s’inspirant des pratiques de la Norvège en la matière, les signataires de ce manifeste se gardent bien de nommer explicitement les exigences actuelles que nécessiterait l’exploitation pétrolière, dans un contexte où le développement durable et le combat du réchauffement climatique sont devenus des impératifs, non seulement à la vie végétale, aquatique et animale, mais humaine d’abord et avant tout. Et le texte de ce manifeste pour l’exploitation pétrolière n’hésite en aucune manière à employer de gros sophismes nous pour vendre cette salade, nous y reviendrons. 

J’entendais à la radio cette semaine l’un des signataires  de ce manifeste (Bernard Landry) affirmer la chose suivante : « Le rêve serait que l'humanité tourne le dos aux hydrocarbures fossiles (…) et en attendant, le Québec ne peut se priver des revenus dont il a besoin en exploitant son pétrole… ». Et bien non! Si je rêve du jour où nous cesserons d’émettre des gaz à effet de serre en tentant d’éliminer l’usage du pétrole, et bien je préfère voir l’État, mon gouvernement, mettre les bouchées doubles pour développer et améliorer des énergies propres pour faire advenir ce jour plus tôt que tard! 

Sophismes, contradictions et erreurs

Le manifeste accuse certains groupes écologistes qui « n’hésitent pas à recourir à des stratégies de désinformation qui ne servent pas la société ». Pourquoi ne nomment-ils pas ces groupes en désignant explicitement les stratégies fautives? En quoi cette tactique d’accuser un adversaire occulte de pratiques fautives est-elle plus honorable par rapport à celles qu’ils tentent de dénoncer?

Il vaut la peine de citer un paragraphe complet de ce document pour mettre en relief une énorme contradiction : « Il est sain pour une société d’engager une discussion sur un enjeu aussi fondamental que celui du démarrage de l’exploitation de la ressource pétrolière. Éviter que le débat se fasse ne profiterait à personne et représenterait une sorte de fuite en avant. Le débat doit avoir lieu ! Mais il doit se faire correctement et surtout, nous aurons tous avantage à ce qu’il repose sur des faits. » La contradiction se situe dans le fait que les signataires de ce manifeste mettent ailleurs (dans le manifeste) et à tort, l’accent sur l’urgence d’exploiter notre pétrole québécois : « Pourtant, l’urgence d’agir ne devrait faire aucun doute dans l’esprit de quiconque souhaite que nous léguions aux générations futures un Québec en meilleure posture financière. » 

La grande erreur de ce manifeste se situe dans l’incompréhension totale et entière que démontrent ses signataires en regard du combat contre les des gaz à effet de serre, du réchauffement climatique et de la sauvegarde de l’écologie. Comme à peu près tous les penseurs de la droite économique néolibérale d’Occident, pour des causes d’appât de gains rapides et urgents (selon eux), ils perdent complètement de vue que l’enjeu majeur et ultime des écologistes n’est pas uniquement la sauvegarde de quelques grenouilles dans des marais perdus! Réveillons-nous : il s’agit du combat de la survie de l’espèce humaine, et ce, à très court terme1.

Si nous poursuivons ainsi l’exploitation des énergies fossiles de manière effrénées, comment peuvent-ils croire, en leur âme et conscience, que l’espèce humaine survivra à tous les bouleversements d’ordre climatologique, qui ne cessent d’augmenter en nombre et en gravité depuis une cinquantaine d’années? Il faut se sortir non seulement de la filière pétrolière, mais il faut que l’humanité s’extirpe de la pensée et des pratiques du capitalisme néolibéral, qui la mène directement à sa perte : économiquement, socialement, écologiquement et vitalement!

Qu’ils tendent donc l’oreille à un scientifique dont la grande crédibilité n’est plus à faire comme Hubert Reeves, et ils auront tôt fait de regretter d’avoir signé un tel manifeste, remplis d’incertitudes, de sophismes, de contractions et d’erreurs. Si au moins ce document avait été étoffé d’études scientifiques crédibles et vérifiables, peut-être aurait-il le mérite de passer à l’Histoire, en ayant la mesure nécessaire pour susciter le débat que les signataires prétendent vouloir lancer. Ils ont raté la cible et de très loin d’ailleurs, tant sur le plan de la science, de la logique que de la rhétorique.

En ce qui me concerne, ce manifeste est déjà passé à la filière #13, et j’ose espérer que le peuple du Québec n’en sera pas dupe et en fera tout autant!


1. Rf : Mal de Terre, Hubert Reeves, Les Éditions du Seuil, collection « Science ouverte », Paris, 2003.

Ce texte est également publié sur:

Le République
- Huffington Post Québec
Vigile