mercredi 16 novembre 2011

Des intérêts qui engendrent des intérêts...

Dans une excellente réflexion qu'il présente sur son blogue, le correspondant parlementaire de la SRC à Québec, Pierre Duchesne, fait une analyse des plus intéressantes du parcours du cofondateur de la CAQ, François Legault.

Comme la plupart des affairistes venant dans le monde de la politique, François Legault démontre par son comportement que les convictions et les idéaux sont aussi éphémères qu'une lueur de luciole virevoltant dans une forêt un soir de clair de lune, surtout lorsque l'opinion publique laisse présager une prise du pouvoir fort probable. Alors là au diable les convictions pour ne faire place qu'à l'aspect nouveauté dont le peuple semble si assoiffé. Vieille recette de marketing qui fait vendre: NOUVEAUTÉ.

Les philosophes de la Grèce antique l'ont bien écrit: la gouverne de la Cité ne doit échoir qu'entre les mains de sages; ils savaient bien que les gens d'affaires en politique n'ont guère de convictions à défendre, autres que celles de leurs intérêts et des intérêts de leurs semblables.

Comment ne peut-on pas constater que c'est de cette même mouture que le pouvoir actuel est essentiellement constitué au Québec, et que cette mouture a plongé le Québec dans une noirceur de collusions et de corruptions depuis 2003? Comment peut-on si facilement berner le peuple avec la saveur du jour, sous le couvercle de la NOUVEAUTÉ, alors qu'en réalité le peuple risque de se retrouver dans une situation encore pire que nous le sommes actuellement, avec l'avènement d'une coalition qui n'est mue par rien d'autre qu'une convergence d'intérêts?


De Soulanges,

Normand Perry.

3 commentaires:

  1. Aucune civilisation n'a aimé les commerçants: ils sont toujours perçus comme des étrangers. En Grèce antique, seuls les Sophistes, qui souvent n'étaient pas des Athéniens, se sont montrés ouverts à la liberté de commerce. Platon réserve la dernière place aux artisans: par opposition à la tête et au coeur, ils représentent les appétits matériels. Et Aristote préfère le travail des esclaves.
    Ce n'est peut-être pas une position très avisée: la science moderne prend son envol quand Galilée prend le temps, le soir, de réparer les machines des artisans et confronte ses théories physiques avec la pratique expérimentale de l'entretien des machines.
    Je ne porte pas de jugement sur François Legault. Mais je n'adhère pas à un argumentaire qui fait appel au mépris du travail matériel, au commerce et à la pensée enracinée dans la pratique. Quant aux philosophes rois, seul une espérance naïve peut laisser croire qu'ils feraient vraiment mieux. Quand ils s'y sont essayés, on a vu des horreurs que le pragmatisme ne permet jamais de réaliser.

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  2. Je concède que l'Histoire n'est exempt d'aucun tyran ou dictateur de quelque nature qu'ils puissent être, même des philosophes à mon grand désarrois.

    Mais l'Histoire nous montre des exemples de Grands aussi: et le premier qui me vient à l'esprit est Marc Aurèle, ce philosophe de l'École stoïque devenu empereur de Rome.

    Normand Perry.

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  3. Merci pour vos réflexions.

    Selon moi, face aux problèmes modernes qui affectent nos États "démocratiques", ma perception est plutôt pessimiste. Nous en sommes rendu au point où, peu importe le leader politique ou le parti prenant le pouvoir, notre civilisation actuelle (que certains appellent "techno-scientifique") d'origine occidentale ne permet plus un réelle démocratie mais plutôt un jeu théâtrale sans contrôle réel du citoyen-électeur.
    En fait, dans notre société, le verbalisme politique semblerait désormais exprimer une double illusion, en même temps qu'il lui donne naissance.
    On assiste alors au développement de l'illusion de l'homme politique. Il croit maîtriser la machine de l'Etat, il croit prendre des décisions politiques toujours efficaces. En vérité, il se trouve de plus en plus impuissant en face de la rigueur croissante des appareils étatiques. Or, cette impuissance de l'homme/femme politique est voilée précisément par la puissance et l'efficacité des moyens d'action de l'État qui interviennent toujours plus profondément et exactement dans la vie de la nation, et dans celle des citoyens.
    Mais le politicien, dictateur ou non, n'a finalement aucune maîtrise de ces moyens. Réciproquement, paraît l'illusion du citoyen, qui, vivant encore sur l'idéologie de la souveraineté populaire et des constitutions démocratiques, croit pouvoir contrôler la politique, l'orienter, participer à la fonction politique, alors que tout au plus il peut contrôler des hommes et femmes politiques sans pouvoir réel - et s'engage, sur cette double illusion, un dialogue d'impuissants.

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