samedi 4 septembre 2010

Si j’étais le premier ministre…

Si j’étais le premier ministre ayant déclenché une commission d’enquête, visant apparemment à faire la lumière sur un certain problème, et que d’autre part j’étais foncièrement convaincu de n’avoir absolument rien à me reprocher, alors je demanderais sans la moindre hésitation de comparaitre devant cette commission d’enquête que j’ai déclenchée en étant littéralement branché sur le polygraphe : mais pourquoi donc me demanderaient mes principaux conseillers ?

Pour convaincre le juge nommé à la tête de cette commission d’enquête que je suis blanc de tout soupçon par rapport à ce que le principal témoin a soulevé durant son témoignage ? Non. Car je sais dans mon fort intérieur que peu importe ce que va dire le rapport de ce juge, que l’opinion publique elle, a déjà forgé son jugement, et que la seule chose qui pourrait me sauver la face est un polygraphe venant révéler à la face de cette opinion publique que j’affirme la vérité, totalement ou entièrement sans faux-fuyant dans toute cette histoire face au principal témoin.

Malheureusement je ne suis pas le premier ministre : je ne suis que le pauvre contribuable obligé d’assister à toute cette mascarade qui ne fera jamais la lumière sur les vérités que je voudrais voir apparaître en pleine lumière. Alors je vois ce système démocratique que j’affectionne tant être vicié par des gens sans scrupules à l’égard de que ce système à de plus cher et de plus précieux : le noble service du peuple désintéressé de tout intérêt personnel.

Devant tout cela il ne me vient qu’une seule pensée à l’esprit, et c’est le mot de Camus : « Il y a de quoi en avoir la nausée ». Demandez-moi si j’ai encore envie de refaire un jour de la politique devant autant de théâtre, de saleté et de pestilence ?

J’ignore pourquoi, mais j’ai soudainement envie d’écouter l’Alouette en colère de Félix !



Normand Perry
De Soulanges au Québec.

mercredi 16 juin 2010

Vacances estivales: du travail au menu.

Alors que la période estivale annonce l'arrivée des vacances pour la majorité des gens au Québec, on serait porté à croire que l'auteur de ce blogue fera une pause de l'écriture au cours de cette période pour les même raisons. Or pause il y aura sur ce blogue, mais de vacances... que très peu.

Sauf quelques jours en famille prévus en plein bois au bord d'un lac du nord québécois pour y taquiner le poisson et se faire taquiner par les mouches noires et autres moustiques, et la poursuite de mon initiation au golf, les vacances estivales n'auront rien d'un grand repos pour votre blogueur, et ce malgré le fait que ce blogue sera en pause jusqu'à l'automne.

En compagnie d'une équipe formidable composée de gens aux compétences reconnues, nous nous engageons dans un projet radiophonique, projet dont j'ai le plaisir d'assurer la réalisation et l'animation. Nous allons bientôt entrer en studios pour y enregistrer une série d'émissions de une heure chacune, dont la diffusion débutera dès la rentrée automnale de septembre prochain. "Voix Orthodoxes" sera le titre de cette série d'émissions radiophoniques portant entre autre sur la vie de l'Église orthodoxe au Québec et dans le Montréal métropolitain. Puisque la programmation automne-hiver de la station où sera diffusée notre émission n'est pas complétée, il est préférable de laisser aux soins de la station elle-même de procéder à l'annonce officielle de la mise en ondes de l'émission.

Puisque le plus grand de mes énergies sera consacré à ce projet, ce blogue sera donc officiellement en vacances pour un retour à l'automne prochain.

Et n'ayez guère d'inquiétude, je garde l'œil ouvert sur l'actualité sociale et politique: il y a une certaine commission d'enquête ces jours-ci qui semble démarrer sur des chapeaux de roues et une commission d'enquête dont on attend toujours le déclenchement malgré les appels du pied de près de 80% de la population du Québec au premier ministre actuellement en fonctions à Québec...! De l'action il y aura à observer, à analyser et à critiquer certes. Là non plus, pas de vacances pour les veilleurs.

En attendant je souhaite à tous nos lecteurs de passer un très bel été et de très bonnes vacances estivales 2010.



De Soulanges au Québec
En ce 16 juin 2010
Normand Perry

lundi 24 mai 2010

Le hasard existe-t-il ?

Dans un interview accordé au magazine Le Point publié le 20 mai dernier, le poète et penseur du "tout-monde" Edouard Glissant exprime quelques idées curieuses à propos de la connaissance humaine.


L'un des lieux de débats privilégié de la philosophie contemporaine est bien celui du monde de la connaissance chez l'être humain. Edouard Glissant stipule que le "Le hasard est une donnée de la connaissance" dit-il. Il en réfère à une expérience vécue lors de la rédaction d'une anthologie qu'il vient de publier.

Sur le site
Facebook de Philosophie magazine, j'ai sauté à pieds joints dans un débat lancé par le magazine en lançant une affirmation sans équivoque: "le hasard n'existe pas". Il s'en est suivi des échanges très émotifs entre divers intervenants dont votre humble serviteur.

Albert Einstein s'est opposé à l'idée du hasard à une certaine époque, voulant ainsi contrer la théorie de la mécanique quantique de son ami et physicien Niels Bohr. L'Histoire démontre qu'Einstein a fait erreur en se basant sur des prémisses scientifiques infondées. Cependant, la mécanique quantique ne prouve aucunement l'existence du hasard en tant que tel au plan scientifique.

Au plan philosophique le débat reste tout aussi ouvert: comment peut-on admettre l'idée de l'existence du hasard ? Pour moi cette question porte en elle des corollaires par rapport à la question de l'existence ou non du non-être, une question ayant passionnée les philosophes de l'Antiquité tout aussi bien qu'à plusieurs époques ultérieures.

Certains prétendent qu'il s'agit d'une équation à plusieurs inconnus. Mais une équation à plusieurs inconnus c'est de l'algèbre, donc aucune commune mesure avec l'idée du hasard. D'autres tentent de définir le hasard de la manière suivante: lorsqu'un fait surgit de nulle part de manière inattendue et que le sujet en a point connaissance au préalable, il s'agit d'un évènement provoqué par le hasard. Encore ici Aristote oppose à ce concept subjectiviste celui du réalisme: la réalité EST lorsque le sujet est en présence de son objet. Cependant, l'objet EST de manière indépendante de son sujet tout comme le sujet l'est par rapport à l'objet. Ma position est une opposition très ferme à ce ou ces concept(s) du hasard: ma position s'appuie sur le réalisme aristotélicien. Ce à quoi le sens commun attribue l'étiquette de "hasard", il faudrait plutôt parler de coïncidence.
Le terme coïncidence tel que définie dans la logique formelle, il n'y a donc aucune mesure de ce que le sens commun attribue au hasard.


Le hasard est une machination de l'esprit, une utopie et de la pure futilité!





Normand Perry
Région de Soulanges
En ce 24 mai 2010, 14h50

mercredi 19 mai 2010

Un glorieux centenaire ?

À nos joueurs du
http://t1.gstatic.com/images?q=tbn:9nwdZN9eN3cCMM:http://matin.branchez-vous.com/nouvelles/upload/2010/01/canadiens_logo.jpg


Chers joueurs du Canadien.


Après avoir eu une saison en dents de scie et ayant réussi à vous qualifier pour les séries éliminatoires par la peau des dents, vous y êtes arrivé tout en laissant un certain scepticisme, quant à vos chances de réussites, auprès de la presse sportive montréalaise et une bonne partie de votre audience chez vos partisans.


Joueurs du Canadiens de Montréal, vous êtes devenu l’équipe cendrillon des séries éliminatoires de la Coupe Stanley édition 2010 : vous devez vous convaincre que vous êtes les meilleurs. Vous avez d’abord éliminé les champions de la saison régulière, les Capitals de Washington. Puis contre toute attente, les champions de la Coupe Stanley édition 2009 furent à leur tour éliminé grâce à votre talent, votre combattivité et le surpassement en effort de chacun de vous tous de manière collective.


Mais là après deux défaites par blanchissage par les Flyers de Philadelphie nous ne reconnaissons plus l’équipe ayant brisé tous les scepticismes des deux premières rondes des séries éliminatoires actuelles.


Ce n’est pas une question de talent, ce n’est pas une question de cohésion collective non plus : vous venez de prouvez aux journalistes, partisans et partout dans le circuit de la LNH que vous pouvez vous surpasser. Les deux prochains matchs à domicile messieurs est l’occasion d’entrer en vous-mêmes et de puiser de cette force qui vous a animé contre les Caps et les Pinguins et de faire d’une seule bouchée des Flyers. Rappelez-vous le niveau de confiance qui vous animait tous au septième match contre les Pinguins et vous saurez à l’intérieur de chacun d’entre-vous que avez la capacité de faire la même chose et même mieux : vous qualifier pour la grande finale de la Coupe Stanley. Ne serait-ce pas le plus beau cadeau que vous pourriez offrir à vos partisans et à la fierté québécoise : une vingt-cinquième coupe pour clôturer cette année centenaire de la sainte Flanelle ?


De Soulanges au Québec


Normand Perry

En ce mercredi 19 mai 2010, 12h01 pm

samedi 15 mai 2010

Décadence démocratique

De manière très exceptionnelle aujourd'hui, je vais mettre en relief le texte récent d'une journaliste, Josée Legault, ayant exprimé les sentiments d'une grande majorité à l'égard de la classe politique au Québec, plus particulièrement du PLQ de Jean Charest. Dans une émission radiophonique diffusée à la Première chaîne de la SRC samedi le 8 mai 2010, madame Legault évoquait la colère grondante et bien sentie dans la population québécoise, particulièrement lorsque les gens du public l'abordent au marché, à la pharmacie ou autre endroit du genre, pour lui exprimer cette colère en des mots tellement crus que l'on ose guère les rapporter dans les médias. C'est d'ailleurs ce passage à la radio le 8 mai qui fut l'élément déclencheur de mon billet du même jour sur mon propre blogue.

Je vais placer en lien (à la fin de mon billet) ce texte qu'elle publiait cette semaine sur son blogue le 12 mai 2010. Ma volonté est d'inviter mon lectorat à entamer, par cette lecture et avec moi par la suite, une réflexion sur la décadence démocratique dont nous sommes à la fois les témoins et les victimes en tant que citoyens. A terme mon intention est démontrer la nécessité de jeter un regard studieux sur certains principes nous ayant été légué par certains penseurs en cette matière: Aristote, Platon, Cicéron, l'empereur romain Marc-Aurèle et beaucoup d'autres encore. Si certain d'entre-vous y perçoivent une opération visant à démontrer la nécessité de l'instauration d'un régime républicain au Québec, je vous dit maintenant que vous visez juste.

Avant d'y parvenir il faudra trouver un moyen de débarrasser le paysage politique québécois actuel des éléments à l'égard de qui de très graves allégations pèsent, et par incidence font peser sur la société québécoise un désabusement et une indifférence qui leur sont (aux présumés manipulateurs), dans les circonstances, très profitable. Mais qu'on ne s'y trompe guère: un jour ou l'autre il faudra bien rendre des comptes: la sagesse en effet tout comme l'histoire d'ailleurs démontrent que des intérêts gagnés de manières indus finissent toujours un jour ou l'autre par coûter plus cher à ce qu'il fut nécessaire en efforts pour les obtenir. Il ne suffit de lire l'histoire de certaines révolutions dans le monde pour s'en convaincre.


samedi 8 mai 2010

Vox populi....vox Dei !

Le cynisme est un prétexte à de l’inaction…selon Lucien Bouchard.

Il parait en effet que le cynisme serait largement le prétexte pour ne rien faire selon les dires de l'ancien premier ministre du Québec, tel qu’il l’exprimait en conclusion d’une entrevue livrée dans un quotidien québécois bien connu. Vraiment ? Que devrions-nous en penser du cynisme de la population devant les allégations de corruption en provenance de Québec ces jours-ci?

D’abord j’ai acquis la certitude cette semaine que la phase du cynisme est largement dépassée dans l’esprit d’au moins 80% de la population au Québec actuellement. Il règne dans la population un grondement profond, une colère très vive, un état d’esprit pouvant conduire à une révolte populaire susceptible d'éclater à la moindre étincelle. C’est ça qu’on ose qualifier de prétexte à de l’inaction?

Toutes les allégations rapportées par les journalistes et les membres de l’opposition de l’Assemblée nationale du Québec, additionnées aux faits véridiques apparaissant maintenant en pleine lumière (tout ce qui fut écrit et dit concernant l’ancien ministre Tomassi et ayant conduit à son expulsion du caucus du PLQ) tendent à démontrer une corruption largement rependue dans ce gouvernement. De fragile qu’était la légitimité du gouvernement du PLQ il y a quelques semaines à peine, on peut maintenant affirmer qu’il n’y a plus de cette légitimité dans l’opinion publique, tous les sondages publiés depuis environs un mois l’expriment de manière constate et sans équivoque surtout. Si Lucien Bouchard ose qualifier ce cynisme de la population comme étant un prétexte à de l’inaction, on voit que l’inaction est bel et bien située du côté de l’entêtement de Jean Charest dans son refus obstiné à instituer une commission d’enquête publique sur le financement du PLQ, non?

De deux choses l’une : ou bien le premier ministre Jean Charest accepte d’instituer une commission d’enquête publique sur le financement du PLQ pour démontrer que ce parti n’a rien à se reprocher (et les faits tout comme les allégations pèsent actuellement lourdement en faveur de la thèse contraire), ou bien ce gouvernement remet sa démission au Lieutenant-gouverneur du Québec : c’est la croisée des chemins qui se présente devant eux présentement, et j’ai l’intime conviction d’exprimer tout haut ce qu’environs 80% de la population pense actuellement au Québec. Vox populi...vox Dei!

Et continuons notre cynisme actif!


De Soulanges au Québec : Normand Perry
En ce samedi 8 mai 2010, 11h15

dimanche 18 avril 2010

In memoriam: Michel Chartrand (1916-2010)

In Memoriam: Michel Chartrand (1916-2010)
(photo: Wikipedia)

Bientôt sur ce blogue un article consacré à cet homme d'exception dans l'histoire du Québec, une esquisse du portrait de Michel Chartrand: ses racines et son héritage. A suivre.

Normand Perry
Soulanges au Québec
Dimanche le 18 avril 2010, 14h40

mercredi 14 avril 2010

Les Années Ténébreuses

En ce 14 avril le Québec entrait dans sa période des Années Ténébreuses en 2003 : la Grande Noirceur n’est que de la petite bière par rapport à ce que nous vivons collectivement depuis ce jour sombre de 2003, les historiens convergeront tous vers cette conclusion d’ici quelques décennies.

Ce n’est point une prédiction, c’est une certitude et les événements rapportés par l’actualité québécoise présentement le démontrent sans l’ombre d’un doute.

Les Années Ténébreuses doit désormais être le qualificatif de l’époque présente au Québec.

Le génie de ce pamphlet tient au fait que sans avoir eu le besoin de nommer un seul nom, tous dans l’esprit collectif savent de qui et de quoi il est désormais question. N’est-ce pas ?

dimanche 28 mars 2010

Choisir et vivre son état de vie est bien différent que d’essayer d’en vivre un qu’on nous impose.

Aujourd’hui plus que jamais le catholicisme romain vit l’une des pires crises qui l’ait affectée depuis l’époque des Borgia. Cette crise du catholicisme affecte directement la crédibilité de cette institution romaine vieille de deux millénaires, et bien au-delà du catholicisme romain, la chrétienté toute entière s’en trouve éclaboussée dans l’opinion publique mondiale. Comment en effet tenter de défendre l’indéfendable lorsqu’il s’agit d’histoires de pédophilie impliquant directement des membres du clergé et indirectement les autorités du catholicisme, c’est-à-dire des évêques et possiblement la personne même du pape (selon des révélations du New-York Times) ? Si d’aussi graves accusations se devaient être fondées, Joseph Ratzinger n’aurait peut-être alors pas le choix que de démissionner ou pire encore être déposé par le collège des cardinaux s’il devait s’entêter à demeurer en fonction.


Évidemment ces trop nombreux scandales mettent en relief la question d’un clergé romain obligatoirement célibataire. Y a-t-il ou non un lien de cause à effet, entre le fait que ces hommes voulant servir l’Église dans la prêtrise soient obligé de choisir un état de vie célibataire et le fait que plusieurs d’entres-eux développent cette déviance sexuelle ? Il est préférable de laisser les psychologues répondre directement à cette question. Cependant la sagesse chrétienne nous apprend certaines choses de très grande importance, et il faut entendre ici « sagesse chrétienne » n’étant point réduit au catholicisme romain. Avant le malheureux schisme ayant séparé les chrétiens d’Orient (les Églises orthodoxes) par rapport aux catholiques du patriarcat de Rome en 1054, cette discipline obligatoire d’un clergé célibataire n’était point en vigueur malgré certaines tentatives contraires.


Les théologiens catholiques auront beau évoquer les plus grandes vertus des appels évangéliques à la sainteté, là où ils se trompent c’est en faisant une adéquation néfaste entre sainteté de vie et vie sexuelle inhibée. Tout cela dans le but de préserver à tout prix le sacro saint célibat du clergé catholique romain. C’est à partir du premier concile du Latran en 1139 que cette règle devient obligatoire dans le catholicisme.


Il faut savoir pour le commun des mortels que le célibat obligatoire du clergé dans l’Église catholique romaine ne provient d’aucun commandement évangélique; il ne provient d’aucune prescription du collège des Apôtres du Christ ayant fondé les diverses Églises d’Asie mineure jusqu’au cœur de l’Empire romain, au contraire, même l’Apôtre Paul va émettre une prescription très stricte en cette matière : « "Elle est sûre cette parole; celui qui aspire à la charge d'épiscope* désire une noble fonction. Aussi faut-il que l'épiscope soit irréprochable, mari d'une seule femme, qu'il soit sobre, pondéré, courtois, hospitalier, apte à l'enseignement, ni buveur ni batailleur, mais bienveillant, ennemi des chicanes, détaché de l'argent, sachant bien gouverner sa propre maison et tenir ses enfants dans la soumission d'une manière parfaitement digne. Car celui qui ne sait pas gouverner sa propre maison, comment pourrait-il prendre soin de l'Eglise de Dieu ? Que ce ne soit pas un converti de fraîche date, de peur que, l'orgueil lui tournant la tête, il ne vienne à encourir la même condamnation que le diable. Il faut en outre que ceux du dehors rendent de lui un bon témoignage, de peur qu'il ne tombe dans l'opprobre et les filets du diable. » (1Timothée 3,1-7); cette obligation d’un clergé obligatoirement célibataire n’est aucunement prescrit non plus par les Pères de l’Église et les Sept Conciles œcuméniques. En d’autres termes la Tradition Apostolique de l’Église indivise n’a jamais commandé une telle chose.


Une première tentative d’imposer au clergé un célibat obligatoire échoua au premier Concile de Nicée en 325. L’auteur Socrate (pas le philosophe) rapporte en effet dans son Histoire ecclésiastique au Livre 1, c. 11: « Mais le confesseur Paphnuce, évêque dans la haute Thébaïde, l'un des plus illustres et des plus saints d'entre les prélats, et qui avait toujours vécu dans la continence, se leva au milieu de l'assemblée et dit à haute voix qu'il ne fallait point imposer un joug si pesant aux ministres sacrés ; que le lit nuptial est honorable et le mariage sans tache ; que cet excès de rigueur nuirait plutôt à l'Église ; que tous ne pouvaient porter une continence si parfaite, et que la chasteté conjugale en serait peut-être moins bien gardée : qu'il suffisait que celui qui était une fois ordonné clerc n'eût plus la liberté de se marier, suivant l'ancienne tradition de l'Église ». Les sordides histoires révélées aujourd’hui à la face du monde entier montrent hors de tout doute que les sages paroles de cet évêque furent sans doute d’inspiration divine.


La plus grande erreur du catholicisme romain en cette matière est d’avoir fait une symbiose entre la vie monastique et la vie dans le monde d’un clerc. Il y a pourtant un abysse les séparant comme le démontre l’évêque Paphnuce de Thébaïde ! La vie monastique offre des conditions favorisant une vie saine au plan de l’équilibre psychique pour les individus qui la choisissent. Le prêtre inséré en paroisse lui, a des conditions de vie radicalement différentes par rapport à celles en monastère. Il vit au cœur même de la cité, mêlé aux gens, subissant des influences mondaines de tous acabits, bref : rien ne visant à protéger sa promesse de célibat, car contrairement aux religieux, le prêtre catholique ne prononce pas de vœu de chasteté.


L’Église orthodoxe dans sa sagesse, n’ayant jamais imposé quelque règle disciplinaire à l’égard de ces futurs prêtres en termes de vie de célibat, a compris que si l’un de ses candidats à la vie presbytérale voulait choisir le célibat dans sa vie de prêtre, il devait le vivre à l’intérieur d’un monastère, et c’est la coutume la plus répandue dans la grande majorité des Églises orthodoxes dans le monde. Un homme marié voulant servir l’Église orthodoxe comme prêtre recevra l’ordination (s’il est jugé apte à occuper de telles fonctions) sans discrimination par rapport à ses frères ayant choisit le célibat et sera appelé à servir à l’intérieur des paroisses. On le voit donc, dans le principe l’Église orthodoxe est ainsi demeurée fidèle aux origines de la Tradition Apostolique, aux Sept Conciles œcuméniques et à la Patristique.


Avant d’entreprendre la rédaction de cet article pour mon blogue aujourd’hui, j’ai eu l’idée d’entreprendre des recherches sur Google à l’aide de mots clés pour trouver si des articles de presse mettaient en avant scène des histoires de pédophilie impliquant des membres du clergé orthodoxe : faites l’exercice par vous-même et vous ne trouverez rien de crédible ou de fondé. Je n’affirme pas que cela n’existe pas chez les orthodoxes, mais je suis d’avis qu’un clergé dont les membres ont choisi leur état de vie au lieu de se le faire imposer favorise nettement l’équilibre psychologique tout en diminuant les risques de scandales.


En fait peut-être est-ce là un début de prise de conscience nécessaire dans l’état actuel des choses dans le catholicisme romain, car il m’apparaît très clairement aujourd’hui que la crédibilité de cette institution est à jamais entachée par ces histoires sordides et la seule voie pouvant apparaître comme étant salutaire en ce moment pour rétablir un temps soit peu de crédibilité de l’institution tout comme celui du message évangélique est une mise à l’écart définitive d’une discipline causant plus de tort que de bien, et le tort causé par cette discipline va bien au-delà d’une question de crédibilité, il s’agit de la vie de jeunes enfants qu’on détruit par d’ignobles actes méritant un procès en cour criminel.



Normand Perry.

Région de Soulanges au Québec.

Dimanche le 28 mars 2010, 00h10.


N.B. : L’auteur professe la foi de l’Église orthodoxe depuis Pâques 2000, après avoir été membre de l’Église catholique romaine dont il fut séminariste entre les années 1993 à 1997.


* Épiscope : dans l’Église primitive on nommait des responsables à la tête des communautés naissantes. On les appelait tantôt presbytre (qui vient du grec presbuteros = ancien), tantôt épiscope (du grec épis-kopos = surveillant ou gardien).

mardi 16 mars 2010

Pourquoi ai-je signé la Déclaration des Intellectuels pour la laïcité - Pour un Québec laïque et pluraliste

Le quotidien montréalais Le Devoir publiait ce mardi 16 mars 2010 "La Déclaration des Intellectuels pour la laïcité - Pour un Québec pluraliste", un texte signé par plusieurs personnalités québécoises, pour en nommer quelques-unes: Daniel Baril, Marie-France Bazzo, Jacques Beauchemin, Paul Bégin, Henri Brun, Christian Dufour, Jacques Godbout, Jean-Claude Hébert, Yvan Lamonde, l'ex premier ministre du Québec Bernard Landry, Julie Latour, Christiane Pelchat, Guy Rocher, l'ancien conseiller de Jacques Parizeau Jean-François Lisée qui, sur son blogue, commente longuement les raisons ayant motivé sa propre adhésion à cette déclaration.

L'une des raisons m'ayant incité à fonder ce blogue en janvier 2010 est ce débat bien présent dans la société québécoise, autour des questions touchant l'identité nationale, les accommodements supposément raisonnables, la question de la séparation nette entre les pouvoirs civiles et les questions d'ordre religieuses et spirituelles. J'observe ces débats depuis l'affaire de Hérouxville, en passant par la commission Bouchard-Taylor que j'avais à l'époque salué comme initiative du Gouvernement du Québec, mais qui finalement n'a absolument rien solutionné, au contraire, nous assistons depuis le dépôt du rapport Bouchard-Taylor à une détérioration des diverses situations ayant conduit à cette commission et à la croissance lente mais certaine des tensions sociales très palpables dans la société québécoise sur ces questions. Le Gouvernement actuel, par son inertie, est largement responsable de cet état de fait. Et contrairement à ce que plusieurs membres de ce gouvernement peuvent penser, ce n'est pas dans la gestion du cas par cas que la situation pourrait se résorber, au contraire, un danger d'escalade nous guette et nul ne sait où tout cela pourrait conduire.

Paradoxalement à certains points de vue, c'est en tant qu'homme de foi que j'ai adhéré à cette déclaration aujourd'hui. J'ai toujours pensée, malgré cette foi chrétienne (orthodoxe) qui m'anime, que les affaires de la religion n'ont absolument rien à voir avec celles de l'État et vice et versa. La vie spirituelle des individus regarde leur vie privé: le mélange des deux est aussi incompatible que le mélange de l'eau avec l'huile. Vous voyez ce que je veux dire ?

Nul été de l'empereur Constantin ayant décrété le christianisme comme religion de l'Empire romain à son époque, il est fort probable que nous ne discuterions même pas de cette question à notre époque à nous. Toutes confusions relatives à cette question de la séparation nette entre les affaires de l'État par rapport au monde religieux proviennent de cette erreur historique de Constantin. Chez nos voisins du sud, aux États-Unis d'Amérique, la question de la séparation nette entre les pouvoirs civiles et les affaires religieuses est inscrite au cœur même de la constitution américaine. Aucun passe droit pour qui que ce soit: les affaires religieuses regardent la vie personnelle des individus et ça s'arrête là ! Il est dommage que les Républicains ont eu tendance à insérer Dieu au cœur de la vie politique américaine ces récentes années, ce qui va à l'encontre de l'esprit de la question de la laïcité.

Si nous ne pouvons réécrire l'histoire, celle de Constantin, nous avons le pouvoir à tout le moins de l'écrire à notre façon aujourd'hui.

Je trouve que la déclaration aujourd'hui publié dans Le Devoir a cette façon singulière d'exprimer les choses clairement, avec grand respect à l'égard des individus, animés ou non d'une foi religieuse, rendant ainsi possible la vie en société au Québec dans une atmosphère sociétale beaucoup plus respirable.

Nos élus à l'Assemblée nationale le comprendront-ils enfin ? Il faudra une très forte adhésion à ce document pour espérer que si, et surtout pour mettre une pression très forte sur le Gouvernement du Québec: j'encourage vivement tous les citoyens du Québec à imiter le geste de tant d'autres aujourd'hui en signant cette Déclaration des Intellectuels pour la laïcité - Pour un Québec laïque et pluraliste ici.


Normand Perry
Soulanges au Québec
En ce 16 mars 2010, 20h31

samedi 13 février 2010

W-X-Y-Z

La génération « Y » et la sphère politique au Québec

Combien de fois vous arrive-t-il d’entendre ou même de vous entendre dire que les jeunes sont totalement absents du débat public, de la sphère politique, ou qu’ils ne semblent avoir aucun intérêt à l’égard de la vie sociale et démocratique? Allons, personne ne vous entend réfléchir et comptez à l’intérieur de votre tête…très souvent?

De telles assertions entendues à maintes reprises, ont incité un jeune avocat, ayant le vent en plein dans les voiles de sa jeune carrière prometteuse, de laisser la firme pour laquelle il travaillait, de prendre sa voiture et de faire une tournée des régions du Québec pour vérifier le ou les fondements face à ces remarques que l’on peut se faire à l’égard de la génération « Y ».

Pour les besoins de la cause, la génération « Y » sont les jeunes ayant de 20 à 35 ans en 2010, donc nés entre 1975 à 1990. Ce sont donc les petits enfants des baby-boomers (ceux qui ont fait la Révolution tranquille) que je nomme affectueusement la génération W; cette génération Y sont les enfants de la génération « X » et les parents ou futurs parents de la génération « Z ». Rendu à ce stade, je commence à m’inquiéter sérieusement : est-ce la fin du monde après la génération « Z » ou va-t-on employer l’alphabet grec pour entreprendre un nouveau cycle?

On a beau vouloir philosopher, ça ne veut pas dire qu’on doit s’astreindre à une face carême pour autant…mais revenons à des considérations un peu plus sérieuses.

Ce jeune avocat part en tournée dans les régions du Québec pour vérifier le ou les fondements stipulant que les jeunes ne s’intéressent guère à la vie démocratique. Paul s’en inquiète car si une telle chose devait être vraie, les décisions d’instances politiques et gouvernementales au Québec dans les prochaines années pourraient être très périlleuses en l’absence des principaux concernés dans le débat. Il faut donc aller auprès de ces derniers pour entendre ce qu’ils en disent.

En discutant avec des groupes de jeunes de partout au Québec, Paul en arrive à quelques constats se résumant de la manière suivante : les jeunes sont très bien informés, en plus ils ont un intérêt très vif par rapport aux grandes questions débattues en société présentement. Mais l’implication de la génération montante (l’Y) dans le débat public rencontre quelques adversités:

  • La crédibilité de la sphère politique, malgré l'intégrité de certains individus, est tellement minée que les jeunes refusent de s'y associer. Dans une démocratie comme la nôtre, cela est très inquiétant.

  • Les jeunes ayant tenté l'expérience dans la sphère politique s’en trouvent étouffés d'une certaine manière, entre deux grands partis au Québec, ayant monopolisé le dynamisme des idées et restreint celles-ci à quelques grandes lignes politiques partisanes.

  • Le financement des partis politiques est un autre grand obstacle : la façon avec laquelle ça semble fonctionner en ce moment, c'est souvent de cette manière que les scandales prennent racine tout en apportant son lot de corruption auquel nous sommes confrontés présentement comme société et sujets du système démocratique.


Ce dont Paul va prendre conscience en jasant avec les jeunes de 20 à 35 ans de partout au Québec, est que le problème n'en est pas un d'intérêt par rapport aux débats publics. Paul se rend compte que ces questions là passionnent les jeunes, ils se sentent interpellés et concernés tout autant que la génération X et la génération des baby-boomers (la W). La problématique relevée par Paul n'en est donc pas une de dynamisme, mais de crédibilité toute entière de la sphère politique, dont les jeunes se distancent: « la sphère politique ne convainc plus personne tellement plusieurs de ses acteurs l'ont discréditée » disent-ils en substance.

Paul St-Pierre Plamondon est l’auteur d’un livre lancé dans la semaine du 8 février 2010 s’intitulant « Des jeunes et l’avenir du Québec », aux éditions Les Malins. Il est possible de voir et d’entendre Paul alors qu’il était l’invité de Louis Lemieux sur RDI à l’émission « Matin Week-end » le 13 février 2010. Ce livre raconte le voyage de Paul, ses rencontres avec les jeunes de la génération Y, ce qu’ils expriment et l’auteur propose quelques pistes de solutions. Pour ma part ce livre reste à lire, puisqu’il sera en librairie seulement à partir du 15 février.

Par ailleurs, les jeunes de la génération Y peuvent et sont invités à participer à un Sommet de Génération d’idées prévu pour très bientôt. Des consultations préparatoires prendront fin le 30 juin prochain, il est donc encore le temps de vous rendre sur le site web (http://sommet-gedi.ca/) de Génération d’idées pour s’y inscrire si vous êtes âgés entre 20 à 35 ans.

Je peux vous dire je suis très envieux, j’aimerais bien avoir la capacité de faire un voyage dans le temps de dix ou quinze ans en arrière pour avoir l’immense privilège de participer à un tel mouvement! J’exprimais d’ailleurs dans un court texte envoyé à l’équipe de Génération d’idées la chance unique que la génération Y a présentement de pouvoir provoquer, non pas un changement du cours des choses dans l’histoire actuelle du Québec, mais de révolutionner la sphère politique, de la même manière que la génération W l’a faite à l’aube de la Révolution tranquille.

J’y écrivais ceci :

« Je ne vais soumettre aucun texte, aucune idée, aucune proposition, bref je ne peux pas soumettre quoi que ce soit à ce projet fabuleux qu'est le Sommet Génération d'idées 2010.

Par mon âge, bien au-delà des limites admissibles à ce Sommet, il faut me restreindre (pauvre philosophe que je suis) au silence.

Cependant, je dirais tout de même quelque chose de manière ad hoc: ce que j'ai entendu à la radio durant la semaine du 8 au 12 février alors que Paul St-Pierre Plamondon s'est présenté aux micros de la Première chaîne radio de la SRC au moins à deux reprises, me laisse croire que la génération montante est pleine d'une vitalité très énergique, d'un raisonnement plein de gros bon sens, et ayant l'envie de refaire ce que la génération de mes parents ont fait à l'aube de la Révolution tranquille avant 1960, c'est-à-dire brasser la boîte à poux des gens au Québec. Ce qui est le plus impressionnant à entendre de votre génération, est l’immense soif d’authenticité auprès des gens que vous côtoyez et de recherche de vérité que cette génération Y exprime.

Ces entrevues données par Paul furent d'un très grand rafraichissement pour l'aîné que je suis pour vous, mais encore jeune par rapport à la génération qui fut celle de mes parents.

Avec l'accord des jeunes que vous êtes, je vais tout simplement me placer sur les lignes de bord du terrain et agir en observateur, afin d'insuffler les poumons de mon esprit de cette vitalité qu’est la vôtre.

De temps en temps je vais parler de vous sur mon blog afin que mes lecteurs puissent également reprendre un peu d'espoir face à la génération actuelle (à laquelle j'appartiens). J'ai l'impression de vivre l’une des périodes les plus sombres de l'histoire du Québec depuis avril 2003, étrangement ressemblante aux années du régime Duplessis au plan politique et social, une période qualifiée de « Grande Noirceur ». La période présente pourrait toute aussi bien se nommer « Les Années Ténébreuses ».

Vous ne pouvez savoir jusqu'à quel point vous êtes privilégiés d’organiser et tenir ce Sommet Génération d'idées, qui espérons-le, sera l'aube d'un jour lumineux se levant à nouveau sur le Québec très bientôt, comme ce fut le cas avec l'avènement d'un certain Jean Lesage, d’un René Lévesque et leur équipe du tonnerre.

C'est avec de grandes émotions que j'écris ces lignes présentement, espérons que ces émotions précèdent une grande joie à venir pour la nation québécoise.


Surtout ne lâchez jamais. »

Normand Perry
Soulanges au Québec
En ce samedi 13 février 2010, 22h30 pm


* * *


Le journal St-François de Valleyfield a publié cet article dans son édition papier et web le mercredi 17 février 2010.

dimanche 7 février 2010

Comment l'existence humaine peut être possible sans la confiance?

Comme je vivais le syndrome de la page blanche alors que je voulais livrer un peu de sens aux choses de la vie, par le biais de cette réflexion philosophique hebdomadaire, un appel à l’aide lancé à mes amis par courriel m’apporte de l’eau au moulin.

L’un de mes amis le plus cher (merci Jean-Louis), un africain du Congo Brazzaville, me fit la suggestion d’aborder le thème de la confiance, un thème central à un discours qu’il doit livrer ce week-end. Il me confiait « c’est aussi niaiseux que ça comme thème, mais il est précieux ». Comment pouvons-nous ne pas acquiescer à une telle remarque? Et non mon cher Jean-Louis, c’est loin d’être niaiseux ou imbécile le thème de la confiance : comment l’être humain pourrait-il fonctionner dans la vie sans une certaine dose de confiance? La très grande majorité de nos décisions ne sont-elles pas, en fin de compte, appuyé sur la confiance justement?


Dès sa naissance l’humain est confronté à un monde hostile au sortir du sein maternel d’où il a séjourné pendant les neufs premiers mois de son existence, dans un confort, une chaleur et un milieu aussi douillet que celui du sein de sa mère. Puis pouf! Il est poussé dans ce monde sans qu’on lui ait vraiment demandé son avis, coupé abruptement de tout ce grand confort. Il sort de son cocon pour arriver dans un milieu où son sens de l’épiderme doit subir un choc thermique, probablement une claque sur le fessier, la coupure du cordon ombilical, le lavement à une eau probablement beaucoup moins confortable par rapport au liquide dans lequel il immergeait dans le sein maternel. Puis enfin, on l’emmaillote pour le remettre quelques instants dans les bras de celle qui l’a portée pendant neuf mois. C’est précisément à cet instant que le siège de la confiance va prendre place dans la vie de cet individu. Toute une mise à l’épreuve pour un début de vie sur Terre, ne trouvez-vous pas? Comment la confiance de ce jeune poupon va-t-elle pouvoir émerger d’une telle épreuve? Dès le début de notre existence terrestre la confiance est un élément clé pour être en mesure de traverser ce fleuve de la vie. Elle sera fondée sur le rapport que le milieu d’accueil (la mère et le père) aura forgé pour ce jeune poupon. Je dis ce jeune poupon en parlant de « il », n’oublions pas que nous avons tous passé par ce stade.


Qu’en est-il alors du terme de cette vie? La fin de la vie est une réalité que tout être humain doit confronter, ce terme de la vie est inscrit sur la feuille de route celle-ci. Quel rapport avec la confiance certains auront instinctivement à l’esprit? Mais tout est là justement : la fin de la vie « la mort » faut dire le mot, a un rapport direct et intimiste par rapport à la confiance que l’humain a en l’existence. Ce qu’il y a de l’autre côté de la fin de l’existence terrestre personne de vivant ne l’a expérimenté, et lorsque l’expérience de la mort vient prendre le souffle d’une personne, celle-ci n’est plus en mesure de revenir nous en parler, n’ayant plus les capacités sensibles de le faire. Ici la confiance pourrait aisément prendre le nom et devenir concept de foi, la foi en quelque chose de meilleur, la foi en une dimension infiniment plus grande que celle où nous expérimentons notre vie quotidienne présente.


Cette question-là, celle du terme de la vie sur terre, a traversée toute l’histoire de la philosophie, depuis les Grecs jusqu’aux philosophes les plus contemporains de notre époque comme
Nietzshe par exemple. Pas un, même les plus grands de la philosophie, n’a vraiment répondu à la question du mystère de la fin la vie sur terre. Au contraire, les philosophes renvoient plus souvent qu’autrement l’être humain à sa propre finitude, à sa propre expérience de l’existence par des questions plutôt que par des réponses. Sauf un seul se démarquant par son originalité, un philosophe de la Grèce antique ayant eut une remarque absolument géniale à propos de la mort : « apprivoiser la mort est le début de la philo sophia (φιλοσοφία = aimer la sagesse) ». Ce philosophe n’a jamais même écrit une seule ligne, et pourtant même 2409 ans après sa mort, on parle encore aujourd’hui de ce Socrate. Socrate fut tellement marquant dans l’histoire de la philosophie occidentale, qu’on parle dans les milieux savants d’un avant et d’un après Socrate.


Entre les débuts et sa fin, il y a la vie sur terre en soit. Après avoir vécu une naissance choc, puis une prise de conscience graduelle de son terme inévitable, la personne humaine a nécessairement des choix à faire pour être en mesure de vivre cette vie pleinement et avec bonheur. La confiance va se bâtir peu à peu dans la mesure où cette personne humaine va croître, dépendamment des conditions entourant cette croissance, puis l’âge de raison emmenant la prise de conscience de toutes sortes de choses, dont le fait d’exister et de vivre, emmenant son lot de questionnements sur le pourquoi de l’existence. D’où cette lumineuse réflexion de Socrate « apprivoiser la mort est le début de la philosophie ». Ce que nous comprenons de cette citation est que la vie prend son sens à partir de son terme, ce terme va teinter la finalité de l’existence de chaque individu du moment où se fait cette prise de conscience.


Remarquons la place fondamentale occupée par la confiance dans la vie : toutes nos décisions, peu importe leur nature, vont nécessiter de la confiance pour qu’elles soient prise. En interrogeant notre aujourd’hui en tant qu’individu, force est de constater que la confiance jalonne, consciemment ou non, mais la plupart du temps de manière inconsciente, le fondement de chacune des décisions prises à un moment où l’autre de notre vie. Il en est de même pour la vie collective : que ce soit en milieu professionnel, dans nos groupes sociaux, les regroupements d’ordre politique et gouvernemental ou n’importe où ailleurs la confiance sera à la base de toute forme d’engagement, de décision et d’action.


Pour preuve observons simplement certains faits à propos de l’économie. Sur quoi donne-t-on foi à la valeur d’un billet de banque, que ce soit un cinq, un dix, un vingt ou un cent dollars? A sa couleur, à la texture du papier que nous tenons entre le pouce et l’index? Aucunement : un billet de banque peut importe le chiffre qui y est inscrit et sa couleur ou sa texture tire sa valeur de la confiance qu’on lui donne, rien d’autre. Évidemment, si un défaut est remarqué dans un élément ou l’autre de la forme de ce billet, notre confiance en sera ébranlé et par conséquent sa valeur également. Mais généralement un billet de dix dollars avec tous les éléments conformes à ce que nous connaissons de ce billet aura la valeur d’un dix dollars aux yeux de n’importe qui.


Un autre exemple : souvenons-nous des débuts de la crise économique actuelle. Elle fut engendrée en partie par la crise financière l’ayant précédée. La crise financière fut elle-même engendrée par une crise de confiance de plusieurs milieux à l’égard de la solidité du système financier international, en grande partie appuyé sur des prêts hypothécaires devenant de plus en plus fragile à cause du non remboursement de leurs termes par les emprunteurs. Cette situation que l’on découvrit alors généralisée aux banques américaines allait causer l’effondrement du système boursier américain d’abord, puis planétaire par la suite. Les investisseurs ont alors été pris de panique et ont retirés leurs billes du système parce que la confiance n’était plus au rendez-vous. Et on connaît la suite nous affectant aujourd’hui dans l’économie réelle et quotidienne de chaque personne et consommateur que nous sommes tous inévitablement. Et demandons-nous comment la récession mondiale prendra fin? Par la confiance des consommateurs dans le système dans lequel ils voudront bien reprendre leur consommation d’avant la crise. A savoir si la consommation devrait revenir au rythme effréné antérieur à la crise n’est pas l’objet de la présente réflexion, quoi que ce thème en mérite une à elle seule.


Voilà donc des exemples bien concrets de ce que la confiance peut générer lorsque n’est plus au rendez-vous dans la vie collective.


Revenons aux deux pôles de la vie ayant un impact fondamental sur la confiance individuelle, c’est-à-dire son commencement et son terme, et ce qu’il y a de plus important entre les deux, le fait d’exister en soit. Après l’observation faite jusqu’à quel point l’arrivée choc en ce monde peut avoir comme impact sérieux sur la confiance inconsciente d’un individu, et l’importance de la force de confiance face à la conscientisation de sa propre fin de vie, on se demande quel type de confiance est le plus important pour atteindre l’équilibre psychologique dans cette trame séparant le début et la fin de la vie, et il s’agit de la confiance en soi.


Pour que l’être humain puisse se réaliser adéquatement la confiance en soi est la base sur laquelle tout son équilibre, son psychè (
πσυχη) et son devenir va s’appuyer. De manière consécutive, la confiance en l’autre sera proportionnellement influencée par cet appui, tout autant que la confiance en la vie collective et à terme la confiance en un absolu. Lorsque nous arrivons à ce point, celui de l’absolu, la question est de savoir si le terme confiance est approprié ou si le terme foi aurait une plus grande justesse? S’il est vrai que l’idée de foi correspond la plupart du temps à quelque chose de religieux où il indique une certitude en une composition de croyances , dans l’esprit populaire le terme foi peut tout aussi bien indiquer une très forte croyance. On peut au moins penser que foi en un absolu est la confiance additionné d’une plus value qui lui confère quelque chose d’extrêmement solide à l’endroit d’un concept, une idée ou une réalité qu’il est tout autant. C’est en lui donnant un contexte, philosophique ou spirituel, qu’on peut mieux en saisir le sens.


Que doit-on conclure au terme de cette brève réflexion sur la question de la confiance? Que la vie est impossible à vivre, que l’existence est impossible à définir, sans qu’en quelque part apparaisse ce concept et cette réalité de confiance. En d’autres termes, la confiance est la trame de fond de toute existence humaine, de toute vie en société et tout ce qui peut arriver en société. Et que l’existence humaine se définit selon la grandeur et la force de la confiance qui se bâtit graduellement au plus profond de l’inconscient humain et un humain en perpétuel devenir.


Ce n’est quand même pas si mal pour un syndrome de la page blanche, non?

Normand Perry
Soulanges au Québec, en ce dimanche le 7 février 2010, 6h42 am.

Cette réflexion est présentement publié sur Vigile.

samedi 30 janvier 2010

L’avènement d’un capitalisme humanisé ?

Ou l'émergence d'un nouveau paradigme

A cours de la semaine qui se termine, il s’est tenu à Davos en Suisse le 40e Forum mondial économique revêtant un caractère tout particulier, alors que la planète entière est toujours engourdie par la crise économique, consécutive de la crise financière de l’automne de 2008 et qui aurait pu, n’eut été l’intervention massive des États dans le système financier et économique, nous conduire tout droit vers une dépression aussi grave que celle vécu consécutivement au Krach boursier d’octobre de 1929.

Pourtant il ne faudrait pas se méprendre sur le devenir de la reprise économique mondiale très embryonnaire et très timide, tout de même observé par les analystes économiques. La crise vient de nous livrer de sérieuses mises en garde, et si nous ne savons pas en tirer des leçons de sagesse appropriées cet embryon de reprise pourrait très bien ne jamais aboutir, à moyen et long terme, à la forte croissance économique soutenue que plusieurs espèrent pour très bientôt. Et pourquoi ?

La réponse à cette question fut livrée lors du discours inaugural du Forum par le président de la République française, Nicolas Sarkozy. Il vaut la peine de porter attention à ce qu’il dit (dans ces quelques extraits laissés ici sur Youtube) pour comprendre l’importance des réformes nécessaires et appelées de tous ces vœux par le président français. Le même jour à Washington, le président des États-Unis d’Amérique livrait au Congrès américain son premier discours sur l’état de la nation, où il a clairement signifié aux acteurs de Wall-Street et aux grands banquiers son intention de poursuivre son plan d’action nécessaire à ce vent de réforme sur le monde du capitalisme financier, où les banquiers ont été les premiers à avoir crié à l’aide au moment où tout le système s’est effondré par leur propre faute à l’automne 2008. Aujourd’hui ces banquiers ne montrent aucun signe d’une prise de conscience face à leurs comportements irresponsables ayant conduit à la crise financière. Au contraire, tous semblent reprendre le cours soit disant normal ne changeant en rien ces comportements irresponsables voir immoraux uniquement guidés par l’appât du gain à court terme. Barak Obama sait que l’avenir d’une nation toute entière et du monde ne peuvent en aucune manière se baser sur de telles avidités.

Il faut garder à l’esprit que ce qui s’est passé cette semaine, tant à Davos qu’à Washington est d’une importance fondamentale pour le relèvement de l’économie réelle, celle que nous vivons quotidiennement, lorsque nous nous rendons chaque matin au travail, faisons nos emplettes, nos transactions bancaires, lorsque nous payons nos comptes, faisons le plein d’essence etc. Chaque geste posé dans cette économie réelle a ses antécédents influençant chacune de nos décisions financières et économiques, et ces décisions-là concrétisées par nos gestes ont des répercussions et des influences dans cette économie réelle et chacun de ses acteurs, puisqu’eux aussi prennent des décisions de même nature que les nôtres avec des influences et des retombées. Ainsi tourne la roue de l’économie.

L’élément clé guidant notre présente réflexion vient du passage suivant du discours de Nicolas Sarkozy : « Ne pas tirer des événements que nous avons connus il y a un an, la conclusion qu’il nous faut changer profondément, alors que si nous ne changions pas, nous serions irresponsables. Cette crise, n’est pas seulement une crise mondiale, cette crise n’est pas une crise dans la mondialisation, cette crise est une crise de la mondialisation ». Deux éléments de ce segment à mettre en relief : 1) changement profond; 2) crise de la mondialisation.

Lorsque Nicolas Sarkozy prononce ce discours, il est important de savoir que l’auditoire se trouvant devant lui est essentiellement composé de plusieurs de ses homologues de la planète, mais aussi des acteurs du monde financier et des lobbys de tous acabits. Lorsque l’idée de changement profond est emmenée par le président français, dont le président américain fera écho plus tard en soirée dans son discours au congrès américain, les deux hommes ont en tête des changements d’ordre législatifs relatif au fonctionnement de la finance nationale et internationale, au monde bancaire et aux jeux de la spéculation boursière. Obama et Sarkozy voient juste et leurs idées vont faire leur chemin.

Mais la vision des deux hommes seraient incomplète si les changements profonds évoqués ne s’adressent d’abord et avant tout aux fondements philosophiques régissant le système capitaliste mondial actuel. De là le deuxième élément que nous mettions en relief plutôt, celui évoquant la crise de la mondialisation. Ces deux éléments ont un principe en commun ayant causé la perte du capitalisme actuel et de manière subséquente la mondialisation : la finalité du système financier.

Rappelons-nous les grands chantres de mondialisation naissante au milieu des années 1980 qui de concert et à l’unisson ont tous vanté les vertus du néolibéralisme économique (Ronald Reagan, Margaret Tatcher, Brian Murloney entre autres) en jetant les bases d’un système financier et économique libéré de l’interventionnisme des États et où les grandes entreprises transnationales allaient devenir à la fois les régulateurs et les acteurs, en commençant par dérèglementer le système financier lui-même bien sûr.

Lorsque la chute du mur de Berlin est survenue en 1989 et presque immédiatement après l’effondrement de l’Union soviétique et des pays satellitaires, les chantres du néolibéralisme économique ont tous appelé l’avènement d’un nouvel ordre mondial, bien sûr apprêté à la sauce néolibérale. Dès lors la catastrophe que nous vivons tous depuis l’automne 2008 était prévisible dans un échéancier de plus ou moins vingt-cinq ans. On ne peut être juge et partie en même temps sans devenir l’artisan de sa propre perte à plus ou moins brève échéance et c’est ce qui est advenu de la mondialisation, du moins telle qu’imaginée et élaborée par les chantres du milieu des années 1980.

Là où Nicolas Sarkozy a fondamentalement raison est lorsqu’il déclare que nous serions irresponsables de ne pas apporter les changements profonds que la crise actuelle met en lumière. Pour être en mesure d’apporter des changements profonds et durables au plan législatif visant à réguler les marchés financiers et bancaires de l’externe par les gouvernements, il faut d’abord élaborer de nouveaux fondements, un nouveau paradigme.

La finalité du système financier qui vient de s’effondrer était le profit à tout prix et toujours plus en plus de profit, à très court terme, sans égard aux lendemains et sans aucune forme de moralité et d’éthique. Pourquoi en était-il ainsi? Tout simplement parce que l’être humain avait disparu des écrans radars et des fondements de la finance internationale. La finance actuelle a pour finalité la finance elle-même et c’est précisément là où est son talon d’Achille.

Que doit alors être la finalité de la finance? L’être humain lui-même. Si la personne humaine et sa dignité sont placées à la base et au sommet de la finalité du système financier, alors sa dynamique changera nécessairement, son fonctionnement changera, sa réglementation apparaîtra comme normale et l’intervention des États dans le système financier sera alors perçue comme nécessaire. L’erreur du néolibéralisme est d’avoir occulté la personne humaine et sa dignité du système financier mondial. L’une des grandes leçons évoquée par le président Sarkozy tout autant que le président Obama est que nous devons jamais perdre de vue que la finance internationale et l’économie ont pour seule finalité de servir l’être humain. En d’autres termes, la finance et l’économie ne sont pas et ne doivent jamais être une fin en soit, mais des moyens et des outils visant le développement équitable des individus peuplant les nations.

Strictement en élaborant ce paradigme nouveau, nous aurons alors non seulement la base nécessaire pour développer des législations appropriés au système financier international, mais nous auront fait d’une pierre deux coups en jetant les bases d’un véritable développement de la richesse servant équitablement chacun et chacune des personnes vivant en ce monde, et par ricochet un développement des nations de manière tout aussi équitable. Pourquoi ne pas rêver d’un monde meilleur et plus juste à la lumière de ces deux importants discours de cette semaine?

Normand Perry
Les Coteaux
Samedi, le 30 janvier 2010 19h00