vendredi 16 juillet 2021

Notes vacancières discordantes.

Un esprit rebelle ne fait jamais les choses comme les autres. 

S'il y a une chose que je voudrais que l'on retienne de moi, une fois que mon âme aura décidé de partir en mission vers l'univers*, (et je ne suis vraiment pas pressé pour que ça arrive), bien cette chose que je voudrais que l'on retienne est cet esprit rebelle et obstiné qui me caractérise depuis toujours, intellectuellement parlant.

Voilà, la table est mise pour parler des vacances de la construction. Je ne vais pas être trop long.

À partir de cet instant, en ce vendredi après-midi de la mi-juillet, et pour les trois prochaines semaines, nous verrons nos routes bondées, le monde s'énerver au volant, couper les autres, et avoir des comportement disgracieux. Et la plupart du temps sur des routes en construction, mal entretenues, cabossées et dangereuses à peu près partout au Québec. Tout ça pourquoi? On vient de tomber en vacances! On veut arriver à destination le plus vite que possible!

Et que trouvera-t-on rendu à destination: plein de monde, beaucoup de bruit, de la musique à tue-tête, (et le 3/4 du temps de la musique qui ne respecte pas le goût des autres), des files d'attentes interminables devant les restos, les places culturelles et touristiques; plein de monde autours des lacs ou au bord des cours d'eau, des plages bondées, des embarcations nautiques aux conducteurs aussi irrespectueux que les mêmes qui étaient sur la route tantôt, et j'en passe. Le tout dans une chaleur suffocante. 

Vous appelez ça des vacances? Vous allez revenir aussi épuisé et stressé qu'au départ. La seule chose qui est différente c'est notre point de vue géolocalisé par rapport à ce que l'on voit les 50 autres semaines par année.

Non, merci, ce n'est pas pour moi.

Mes vacances sont à l'automne depuis plusieurs années. J'aime profiter de la route moins encombrée. J'aime me retrouver en des lieux retirés, boisés, peut-être sur le bord d'un cours d'eau. 

J'aime avoir la sainte paix du silence de la nature, des gazouillis d'oiseaux, des cris d'animaux sauvages, des couleurs splendies de l'automne, de l'odeur des bois à cette période de l'année. De soirées autour d'un feu bien habillé pour couper le froid. Pour moi, ça, c'est des vacances reposantes et qui donnent une vraies bonnes occasions d'un ressourcement spirituel.

Pour les personnes qui ont le courage (ou la témérité) de partir en vacances aujourd'hui, je vous en souhaite de très bonnes quand même. Essayez vraiment de vous reposer et de faire le plein d'énergie intérieur, pour revenir ragaillardie. 

*Le dernier grand voyage de l'âme, dans ma conception des choses, sera un voyage en mission dans l'univers, pour y "découvrir si mon âme est immortelle" (épitaphe de Doris Lussier).



jeudi 1 juillet 2021

Pourquoi est-ce que je prends fait et cause pour les Premières Nations?

Préambule

1er juillet 2021

Ce texte que je réédite aujourd'hui, sans actualisation, a été rédigé une première fois et rendu public en août 2018, dans la section "Mes articles" de Facebook, que le réseau social a fait disparaître, avec tous mes textes, sans crier gare.

Dans le contexte historique que nous vivons actuellement d'un océan à l'autre au Canada, et ce, depuis le début du mois de juin 2021, avec les découvertes de lieux de sépultures sur des sites de pensionnats autochtones dans l'ouest canadien, j'ai cru important de faire paraître à nouveau ce texte de 2018. Pourquoi?

Pour aider à comprendre d'où vient chez-moi cette solidarité que je crois naturelle, à l'égard des peuples des Premières Nations.

Je vous le livre donc sans retouches sur l'essence du propos (sauf quelques ajustements mineurs et techniques), pour conserver ses intuitions d'origines intactes. Ce texte est sorti d'un seul jet de mes doigts sur le clavier, au lendemain d'un Pow wow chez les Mohawks de Kahnawake.

Voici le texte d'août 2018.


* * *

Condition préexistante 

Plusieurs sont témoins de mes fréquents statuts à propos des Premières Nations et de mon intérêt pour leur cause. 

Avant le cheminement intellectuel qui m’a conduit vers cet état de fait, il y a une condition préexistante. 

Mes premiers contacts avec des autochtones remontent à l’enfance. Lorsque (avec mes parents) nous sommes arrivés à Fabreville (Laval) au tout début des années 1970, il y avait à quelques maisons de chez-moi, un enfant de mon âge, qui parlait très souvent de son sang « indien » aimait-il répéter. Tout le monde le surnommait « Koko » (Jacques Grenier). Nous sommes devenus amis dès nos premières rencontres dans la rue, et nous sommes devenus complices de hockey bottine. On s’était même inventé une coupe Stanley avec une poubelle en métal. Nous nous sommes perdus de vue pendant quelques décennies, pour nous retrouver il y a quelques années, grâce évidemment à Facebook. À chaque fois que j’évoque cette coupe Stanley, il trouve ça très drôle. 

Cette enfance aux côtés de Koko a probablement eu le mérite d’avoir favorisé chez-moi l’absence de toute forme de préjugés négatifs que nous retrouvons malheureusement chez la plupart des descendants des peuples européens qui vivent à leur coté aujourd’hui. C’est tout le contraire en ce qui me concerne. 


Choc et prise de conscience : la crise d’Oka 

Matin du 11 juillet 1990 : éclatement d’une fusillade à feux nourris dans la Pinède d’Oka, entre les agents de la Sûreté du Québec et une faction des Mohawks (les Warriors), qui barricadaient la route depuis un certains nombres de jours. À l’origine de cette crise, l’histoire d’un promoteur qui voulait développer un projet immobilier et agrandir un terrain de golf, sur les lieux d’un cimetière ancestral, avec l’appui du maire d’Oka de l’époque, sur les terres revendiquées par les Mohawks. Ce fut le début d’une crise qui se prolongera jusqu’en septembre de la même année, et qui va s’étendre du côté de Kahnawake, avec la barricade du pont Honoré-Mercier. 

Ces événements me marquèrent à tel point que je me sentais le devoir de mieux comprendre cette indignation des Mohawks. J’avais décidé, dans mon for intérieur, de suspendre toute forme de jugement sur ces événements, sans en comprendre non seulement les enjeux, mais d’aller plus loin en profondeur pour ne pas réduire mon focus sur ce micro-événement de l’actualité dans l’histoire, mais bel et bien d’étendre mes connaissances et mon analyse sur l’histoire de la vie commune entre les Premières Nations et les peuples venus d’Europe sur leur terre, depuis l’avènement de Jacques Cartier. 


Georges E. Sioui : un livre qui me bouleversera à jamais 

Je me mis alors à rechercher de la littérature autochtone pour me placer en mode d’acquisition de connaissances et d’analyse par la suite. 

Je fus alors conduit, en librairie, vers un livre nouvellement paru : « Pour une autohistoire amérindienne. Essai sur les fondements d'une morale sociale », sorti en 1989 sous les éditions Presses de l'Université Laval, et réédité en 1999, rédigé par Georges E. Sioui

C’est un ouvrage de plus ou moins 200 pages, que j’ai littéralement dévoré en un rien de temps à l’époque. Ne me demandez pas ce que raconte l’ouvrage, ma lecture date de presque 30 ans. La seule chose dont je me souvienne, est que sa lecture a eu sur moi un effet profond et indéniable : depuis ce jour je prends fait et cause pour les Premières Nations. Ils sont chez eux ici, nous sommes les colonisateurs de par nos ancêtres. Dans mon esprit il est devenu très clair qu’ils nous doivent absolument rien, au contraire, nous leur devons tout, je pense ainsi depuis ce temps, et ça va demeurer ainsi jusqu’à la fin de mes jours. 

Pour dire un mot sur l’auteur : Georges E. Sioui est originaire et membre des Hurons-Wendat, né en 1948 à Québec. Il est historien et philosophe autochtone, il est doctorant de l’Université Laval et enseigne aujourd’hui à l’Université d’Ottawa. 


Il danse avec les loups. : Le scellant sur ma prise de position 

Arrive sur le grand écran, en novembre 1990, le film Il danse avec les loups, réalisé et interprété par Kevin Costner, un film primé de sept Oscars, de trois Golden Globes et d’un important prix au Festival du film de Berlin. Pour celles et ceux qui n’ont pas vu ce film : c’est un must! Ça vaut vraiment la peine de vous le louer. 

En gros ça raconte l’histoire du lieutenant John Dunbar, un membre de l’armée nordiste (Guerre de Sécession), qui est affecté en mission à un poste à proximité d’une communauté des Sioux. Il fraternise avec ces derniers au point de devenir membre de la communauté, de vivre avec et comme eux. Je raconte grossièrement l’histoire, question de ne pas vous priver de « punchs » si vous décidez de le voir. 

Ce dont je me souvienne est qu’au sortir de la salle de cinéma ce soir-là, j’avais beau avoir la peau blanche, être un descendant d’Européens, mais dans mon âme il résiderait désormais l’esprit autochtone. 


Depuis 1990 

Je trouve admirable les travaux que mène l’anthropologue et animateur de Radio-Canada Serge Bouchard à propos des Premières Nations (qui nous a subitement quitté le 11 mai 2021). Je considère sa contribution immense et très riche dans le développement de ma compréhension de ces peuples. Je ne crois pas avoir eu l’occasion de voir ou d’avoir entendu l’amplitude de ces travaux, mais à chaque fois que j’en suis témoin, j’en sors avec un plus. 

Depuis cette époque de 1990, toutes les occasions deviennent prétextes à un rapprochement de ma part avec des membres des Premières Nations. Je commerce avec eux pour soutenir le développement économique de ces communautés, en achetant des vêtements, des pièces d’arts faites à la main, et des souvenirs divers. Je prends toujours plaisir à fraterniser avec eux, ce sont des gens pour qui j’ai beaucoup d’affection. Puis je participe à des évènements : visites de lieux autochtones et de Pow wow. 

Mes découvertes sont marquées surtout par le respect qu’ils démontrent à l’égard de la nature, des êtres vivants, de leur savoir-faire, notamment en médecine traditionnelle par les herbes et les plantes, un surtout un sens de la sagesse remarquable. Et lorsque l'on a l'occasion d'en connaître sur le plan personnel, ce sont des gens qui aiment rire et qui ont un sens extraordinaire de l'autodérision.

Je compte dans mon groupe d’amis Facebook près d’une dizaine d’amis autochtones, répartis chez les Mohawks, les Hurons-Wendat, les Mi'gmaqs, les Abénakis, les Ojibwés (Anishinaabes), et les Innus (dont le chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec, Ghislain Picard que je salue au passage), entre autres chose. J’ai vécu avec plusieurs de mes contacts et amis chez les autochtones des anecdotes très savoureuses, qui sèment ma mémoire que de bons souvenirs, et qui nourrissent des sentiments remplis d’affection. 

Postface

Au moment de réviser ce texte pour le publier sur mon blogue, je viens de recevoir mon acceptation au programme de certificat en études autochtones de l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue. Un aboutissement logique d'une démarche de vie.

 Kwe kwe!