Récemment, à deux reprises, en un très court laps de temps, alors que je me présentais à une caisse pour payer (la première fois, une addition au restaurant ; la seconde, des achats dans un magasin), je me suis fait demander par la caissière : « Voulez-vous, monsieur, ajouter un montant pour [telle] cause de charité ? »… Après quelques instants de silence, je répondis, chaque fois, assez sèchement : «Non.»
La première fois, au restaurant (une chaîne québécoise spécialisée en petits-déjeuners et déjeuners), en revenant à la voiture, j’en discutai avec l’ami avec lequel je venais de partager le petit-déjeuner. Nous en sommes assez vite arrivés à certains constats : une chaîne de restaurant qui s’adonne à une telle pratique ignore le malaise qu’elle peut occasionner aux clients qui se font demander pareille chose alors qu’ils sont probablement entourés soit de collègues de travail, d’amis ou de parents. De plus, le commun des mortels ignore probablement que l’ensemble des sommes recueillies par le commerce en question profite directement à ce commerce sur le plan fiscal, car les crédits d’impôt, déduits pour dons de charité, ne sont pas attribués aux donateurs (les clients), mais au commerce qui déclare cette grosse somme globale sur ses impôts d’entreprise.
Bon, je pense que vous avez une idée du portrait que je tente ici de dresser.
L’éthique commerciale
Évidemment, en plus de profiter des retombées fiscales dont je viens de faire la preuve, l’entreprise qui pratique ce genre de chose (collecte de fonds de charité à la caisse) tente de projeter une image d’entreprise soucieuse du bien collectif ou social : on se donne bonne conscience sociale, sur le dos du client, et surtout, à son insu ! Sans parler du profit qu’elle en tire sur le plan fiscal.
Ce faisant, cette même entreprise transgresse beaucoup d’éléments éthiques. Premièrement, lorsque je décide de faire la charité pour une cause qui me tient à coeur, je pratique systématiquement une maxime biblique qui stipule que « ta main gauche ne sache pas ce que fait ta droite » (Matthieu 6 : 3). En gros, faire le bien, soit, mais uniquement dans le but de faire le bien à la personne concernée, le tout discrètement, sans que ce soit vu et connu publiquement. Ainsi, le geste que je pose est dépourvu de toute forme de recherche de reconnaissance publique ; c’est un geste posé, purement et simplement, dans le but de faire du bien. Ainsi, lorsqu’une entreprise demande à un client, sans trop de discrétion, de faire don de charité, on lui force la main. D’un côté, le client ne voudra pas paraître radin de s’abstenir devant d’autres (qu’est-ce que les gens vont penser de moi ?) ou encore sera tenté de donner de manière plus substantielle qu’il en serait capable (sur le plan budgétaire personnel) pour se faire une belle réputation devant les autres.
Deuxièmement, une entreprise qui pratique ce genre de chose agit de manière très hypocrite. Car, comme je l’ai démontré plus haut, cette entreprise en retire un gain fiscal sans avoir eu à fournir aucun effort financier pour cela, en recueillant des fonds, simplement et insidieusement, auprès de sa clientèle. Clientèle qui, j’insiste, dans une très grande majorité, ignore tout des retombées fiscales dont cette entreprise profite grâce à elle, de même que de la notoriété qu’elle lui permet d’acquérir à son insu.
Au moins, de la discrétion
Soyons clairs, cette pratique visant à inciter la clientèle à faire un don de charité en l’interpellant verbalement devant témoins est profondément immorale sur le plan de l’éthique, et indécente à plusieurs égards à l’endroit de la principale source de revenus d’une entreprise : le client.
Vous tenez tout de même à inciter votre clientèle à faire des dons de charité ? Au moins, ayez la décence d’user de discrétion à son endroit ! Installez une boîte de dons à côté de la caisse en mentionnant sur cette boîte où les dons seront dirigés, et ordonnez à vos agents de caisse de ne point souffler mot à propos de cette boîte : elle est là, les gens ne sont pas des imbéciles, et ils feront un don s’ils en ont envie. Et ayez aussi la décence d’écrire « merci ».
L’éthique commerciale n’est pas une chose qui sert à montrer patte blanche quand ça vous chante ; elle a surtout pour but d’anoblir la pratique du commerce afin que tous, clients et fournisseurs, puissent bénéficier réciproquement de l’échange de biens ou de services contre de l’argent.
La première fois, au restaurant (une chaîne québécoise spécialisée en petits-déjeuners et déjeuners), en revenant à la voiture, j’en discutai avec l’ami avec lequel je venais de partager le petit-déjeuner. Nous en sommes assez vite arrivés à certains constats : une chaîne de restaurant qui s’adonne à une telle pratique ignore le malaise qu’elle peut occasionner aux clients qui se font demander pareille chose alors qu’ils sont probablement entourés soit de collègues de travail, d’amis ou de parents. De plus, le commun des mortels ignore probablement que l’ensemble des sommes recueillies par le commerce en question profite directement à ce commerce sur le plan fiscal, car les crédits d’impôt, déduits pour dons de charité, ne sont pas attribués aux donateurs (les clients), mais au commerce qui déclare cette grosse somme globale sur ses impôts d’entreprise.
Bon, je pense que vous avez une idée du portrait que je tente ici de dresser.
L’éthique commerciale
Évidemment, en plus de profiter des retombées fiscales dont je viens de faire la preuve, l’entreprise qui pratique ce genre de chose (collecte de fonds de charité à la caisse) tente de projeter une image d’entreprise soucieuse du bien collectif ou social : on se donne bonne conscience sociale, sur le dos du client, et surtout, à son insu ! Sans parler du profit qu’elle en tire sur le plan fiscal.
Ce faisant, cette même entreprise transgresse beaucoup d’éléments éthiques. Premièrement, lorsque je décide de faire la charité pour une cause qui me tient à coeur, je pratique systématiquement une maxime biblique qui stipule que « ta main gauche ne sache pas ce que fait ta droite » (Matthieu 6 : 3). En gros, faire le bien, soit, mais uniquement dans le but de faire le bien à la personne concernée, le tout discrètement, sans que ce soit vu et connu publiquement. Ainsi, le geste que je pose est dépourvu de toute forme de recherche de reconnaissance publique ; c’est un geste posé, purement et simplement, dans le but de faire du bien. Ainsi, lorsqu’une entreprise demande à un client, sans trop de discrétion, de faire don de charité, on lui force la main. D’un côté, le client ne voudra pas paraître radin de s’abstenir devant d’autres (qu’est-ce que les gens vont penser de moi ?) ou encore sera tenté de donner de manière plus substantielle qu’il en serait capable (sur le plan budgétaire personnel) pour se faire une belle réputation devant les autres.
Deuxièmement, une entreprise qui pratique ce genre de chose agit de manière très hypocrite. Car, comme je l’ai démontré plus haut, cette entreprise en retire un gain fiscal sans avoir eu à fournir aucun effort financier pour cela, en recueillant des fonds, simplement et insidieusement, auprès de sa clientèle. Clientèle qui, j’insiste, dans une très grande majorité, ignore tout des retombées fiscales dont cette entreprise profite grâce à elle, de même que de la notoriété qu’elle lui permet d’acquérir à son insu.
Au moins, de la discrétion
Soyons clairs, cette pratique visant à inciter la clientèle à faire un don de charité en l’interpellant verbalement devant témoins est profondément immorale sur le plan de l’éthique, et indécente à plusieurs égards à l’endroit de la principale source de revenus d’une entreprise : le client.
Vous tenez tout de même à inciter votre clientèle à faire des dons de charité ? Au moins, ayez la décence d’user de discrétion à son endroit ! Installez une boîte de dons à côté de la caisse en mentionnant sur cette boîte où les dons seront dirigés, et ordonnez à vos agents de caisse de ne point souffler mot à propos de cette boîte : elle est là, les gens ne sont pas des imbéciles, et ils feront un don s’ils en ont envie. Et ayez aussi la décence d’écrire « merci ».
L’éthique commerciale n’est pas une chose qui sert à montrer patte blanche quand ça vous chante ; elle a surtout pour but d’anoblir la pratique du commerce afin que tous, clients et fournisseurs, puissent bénéficier réciproquement de l’échange de biens ou de services contre de l’argent.
Ce billet est également publié sur l'une de mes tribunes suivantes:
- Le Globe
- Huffington Post Québec
Il a également été publié en page A-7, section Idées du journal Le Devoir le 5 juin 2013 sous le même titre: La charité aux caisses? Non, merci!
(http://www.ledevoir.com/edition-pdf/2013-06-05.pdf)
- Le Globe
- Huffington Post Québec
Il a également été publié en page A-7, section Idées du journal Le Devoir le 5 juin 2013 sous le même titre: La charité aux caisses? Non, merci!
(http://www.ledevoir.com/edition-pdf/2013-06-05.pdf)
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