Ou l'émergence d'un nouveau paradigme
A cours de la semaine qui se termine, il s’est tenu à Davos en Suisse le 40e Forum mondial économique revêtant un caractère tout particulier, alors que la planète entière est toujours engourdie par la crise économique, consécutive de la crise financière de l’automne de 2008 et qui aurait pu, n’eut été l’intervention massive des États dans le système financier et économique, nous conduire tout droit vers une dépression aussi grave que celle vécu consécutivement au Krach boursier d’octobre de 1929.
Pourtant il ne faudrait pas se méprendre sur le devenir de la reprise économique mondiale très embryonnaire et très timide, tout de même observé par les analystes économiques. La crise vient de nous livrer de sérieuses mises en garde, et si nous ne savons pas en tirer des leçons de sagesse appropriées cet embryon de reprise pourrait très bien ne jamais aboutir, à moyen et long terme, à la forte croissance économique soutenue que plusieurs espèrent pour très bientôt. Et pourquoi ?
La réponse à cette question fut livrée lors du discours inaugural du Forum par le président de la République française, Nicolas Sarkozy. Il vaut la peine de porter attention à ce qu’il dit (dans ces quelques extraits laissés ici sur Youtube) pour comprendre l’importance des réformes nécessaires et appelées de tous ces vœux par le président français. Le même jour à Washington, le président des États-Unis d’Amérique livrait au Congrès américain son premier discours sur l’état de la nation, où il a clairement signifié aux acteurs de Wall-Street et aux grands banquiers son intention de poursuivre son plan d’action nécessaire à ce vent de réforme sur le monde du capitalisme financier, où les banquiers ont été les premiers à avoir crié à l’aide au moment où tout le système s’est effondré par leur propre faute à l’automne 2008. Aujourd’hui ces banquiers ne montrent aucun signe d’une prise de conscience face à leurs comportements irresponsables ayant conduit à la crise financière. Au contraire, tous semblent reprendre le cours soit disant normal ne changeant en rien ces comportements irresponsables voir immoraux uniquement guidés par l’appât du gain à court terme. Barak Obama sait que l’avenir d’une nation toute entière et du monde ne peuvent en aucune manière se baser sur de telles avidités.
Il faut garder à l’esprit que ce qui s’est passé cette semaine, tant à Davos qu’à Washington est d’une importance fondamentale pour le relèvement de l’économie réelle, celle que nous vivons quotidiennement, lorsque nous nous rendons chaque matin au travail, faisons nos emplettes, nos transactions bancaires, lorsque nous payons nos comptes, faisons le plein d’essence etc. Chaque geste posé dans cette économie réelle a ses antécédents influençant chacune de nos décisions financières et économiques, et ces décisions-là concrétisées par nos gestes ont des répercussions et des influences dans cette économie réelle et chacun de ses acteurs, puisqu’eux aussi prennent des décisions de même nature que les nôtres avec des influences et des retombées. Ainsi tourne la roue de l’économie.
L’élément clé guidant notre présente réflexion vient du passage suivant du discours de Nicolas Sarkozy : « Ne pas tirer des événements que nous avons connus il y a un an, la conclusion qu’il nous faut changer profondément, alors que si nous ne changions pas, nous serions irresponsables. Cette crise, n’est pas seulement une crise mondiale, cette crise n’est pas une crise dans la mondialisation, cette crise est une crise de la mondialisation ». Deux éléments de ce segment à mettre en relief : 1) changement profond; 2) crise de la mondialisation.
Lorsque Nicolas Sarkozy prononce ce discours, il est important de savoir que l’auditoire se trouvant devant lui est essentiellement composé de plusieurs de ses homologues de la planète, mais aussi des acteurs du monde financier et des lobbys de tous acabits. Lorsque l’idée de changement profond est emmenée par le président français, dont le président américain fera écho plus tard en soirée dans son discours au congrès américain, les deux hommes ont en tête des changements d’ordre législatifs relatif au fonctionnement de la finance nationale et internationale, au monde bancaire et aux jeux de la spéculation boursière. Obama et Sarkozy voient juste et leurs idées vont faire leur chemin.
Mais la vision des deux hommes seraient incomplète si les changements profonds évoqués ne s’adressent d’abord et avant tout aux fondements philosophiques régissant le système capitaliste mondial actuel. De là le deuxième élément que nous mettions en relief plutôt, celui évoquant la crise de la mondialisation. Ces deux éléments ont un principe en commun ayant causé la perte du capitalisme actuel et de manière subséquente la mondialisation : la finalité du système financier.
Rappelons-nous les grands chantres de mondialisation naissante au milieu des années 1980 qui de concert et à l’unisson ont tous vanté les vertus du néolibéralisme économique (Ronald Reagan, Margaret Tatcher, Brian Murloney entre autres) en jetant les bases d’un système financier et économique libéré de l’interventionnisme des États et où les grandes entreprises transnationales allaient devenir à la fois les régulateurs et les acteurs, en commençant par dérèglementer le système financier lui-même bien sûr.
Lorsque la chute du mur de Berlin est survenue en 1989 et presque immédiatement après l’effondrement de l’Union soviétique et des pays satellitaires, les chantres du néolibéralisme économique ont tous appelé l’avènement d’un nouvel ordre mondial, bien sûr apprêté à la sauce néolibérale. Dès lors la catastrophe que nous vivons tous depuis l’automne 2008 était prévisible dans un échéancier de plus ou moins vingt-cinq ans. On ne peut être juge et partie en même temps sans devenir l’artisan de sa propre perte à plus ou moins brève échéance et c’est ce qui est advenu de la mondialisation, du moins telle qu’imaginée et élaborée par les chantres du milieu des années 1980.
Là où Nicolas Sarkozy a fondamentalement raison est lorsqu’il déclare que nous serions irresponsables de ne pas apporter les changements profonds que la crise actuelle met en lumière. Pour être en mesure d’apporter des changements profonds et durables au plan législatif visant à réguler les marchés financiers et bancaires de l’externe par les gouvernements, il faut d’abord élaborer de nouveaux fondements, un nouveau paradigme.
La finalité du système financier qui vient de s’effondrer était le profit à tout prix et toujours plus en plus de profit, à très court terme, sans égard aux lendemains et sans aucune forme de moralité et d’éthique. Pourquoi en était-il ainsi? Tout simplement parce que l’être humain avait disparu des écrans radars et des fondements de la finance internationale. La finance actuelle a pour finalité la finance elle-même et c’est précisément là où est son talon d’Achille.
Que doit alors être la finalité de la finance? L’être humain lui-même. Si la personne humaine et sa dignité sont placées à la base et au sommet de la finalité du système financier, alors sa dynamique changera nécessairement, son fonctionnement changera, sa réglementation apparaîtra comme normale et l’intervention des États dans le système financier sera alors perçue comme nécessaire. L’erreur du néolibéralisme est d’avoir occulté la personne humaine et sa dignité du système financier mondial. L’une des grandes leçons évoquée par le président Sarkozy tout autant que le président Obama est que nous devons jamais perdre de vue que la finance internationale et l’économie ont pour seule finalité de servir l’être humain. En d’autres termes, la finance et l’économie ne sont pas et ne doivent jamais être une fin en soit, mais des moyens et des outils visant le développement équitable des individus peuplant les nations.
Strictement en élaborant ce paradigme nouveau, nous aurons alors non seulement la base nécessaire pour développer des législations appropriés au système financier international, mais nous auront fait d’une pierre deux coups en jetant les bases d’un véritable développement de la richesse servant équitablement chacun et chacune des personnes vivant en ce monde, et par ricochet un développement des nations de manière tout aussi équitable. Pourquoi ne pas rêver d’un monde meilleur et plus juste à la lumière de ces deux importants discours de cette semaine?
Normand Perry
Les Coteaux
Samedi, le 30 janvier 2010 19h00
A cours de la semaine qui se termine, il s’est tenu à Davos en Suisse le 40e Forum mondial économique revêtant un caractère tout particulier, alors que la planète entière est toujours engourdie par la crise économique, consécutive de la crise financière de l’automne de 2008 et qui aurait pu, n’eut été l’intervention massive des États dans le système financier et économique, nous conduire tout droit vers une dépression aussi grave que celle vécu consécutivement au Krach boursier d’octobre de 1929.
Pourtant il ne faudrait pas se méprendre sur le devenir de la reprise économique mondiale très embryonnaire et très timide, tout de même observé par les analystes économiques. La crise vient de nous livrer de sérieuses mises en garde, et si nous ne savons pas en tirer des leçons de sagesse appropriées cet embryon de reprise pourrait très bien ne jamais aboutir, à moyen et long terme, à la forte croissance économique soutenue que plusieurs espèrent pour très bientôt. Et pourquoi ?
La réponse à cette question fut livrée lors du discours inaugural du Forum par le président de la République française, Nicolas Sarkozy. Il vaut la peine de porter attention à ce qu’il dit (dans ces quelques extraits laissés ici sur Youtube) pour comprendre l’importance des réformes nécessaires et appelées de tous ces vœux par le président français. Le même jour à Washington, le président des États-Unis d’Amérique livrait au Congrès américain son premier discours sur l’état de la nation, où il a clairement signifié aux acteurs de Wall-Street et aux grands banquiers son intention de poursuivre son plan d’action nécessaire à ce vent de réforme sur le monde du capitalisme financier, où les banquiers ont été les premiers à avoir crié à l’aide au moment où tout le système s’est effondré par leur propre faute à l’automne 2008. Aujourd’hui ces banquiers ne montrent aucun signe d’une prise de conscience face à leurs comportements irresponsables ayant conduit à la crise financière. Au contraire, tous semblent reprendre le cours soit disant normal ne changeant en rien ces comportements irresponsables voir immoraux uniquement guidés par l’appât du gain à court terme. Barak Obama sait que l’avenir d’une nation toute entière et du monde ne peuvent en aucune manière se baser sur de telles avidités.
Il faut garder à l’esprit que ce qui s’est passé cette semaine, tant à Davos qu’à Washington est d’une importance fondamentale pour le relèvement de l’économie réelle, celle que nous vivons quotidiennement, lorsque nous nous rendons chaque matin au travail, faisons nos emplettes, nos transactions bancaires, lorsque nous payons nos comptes, faisons le plein d’essence etc. Chaque geste posé dans cette économie réelle a ses antécédents influençant chacune de nos décisions financières et économiques, et ces décisions-là concrétisées par nos gestes ont des répercussions et des influences dans cette économie réelle et chacun de ses acteurs, puisqu’eux aussi prennent des décisions de même nature que les nôtres avec des influences et des retombées. Ainsi tourne la roue de l’économie.
L’élément clé guidant notre présente réflexion vient du passage suivant du discours de Nicolas Sarkozy : « Ne pas tirer des événements que nous avons connus il y a un an, la conclusion qu’il nous faut changer profondément, alors que si nous ne changions pas, nous serions irresponsables. Cette crise, n’est pas seulement une crise mondiale, cette crise n’est pas une crise dans la mondialisation, cette crise est une crise de la mondialisation ». Deux éléments de ce segment à mettre en relief : 1) changement profond; 2) crise de la mondialisation.
Lorsque Nicolas Sarkozy prononce ce discours, il est important de savoir que l’auditoire se trouvant devant lui est essentiellement composé de plusieurs de ses homologues de la planète, mais aussi des acteurs du monde financier et des lobbys de tous acabits. Lorsque l’idée de changement profond est emmenée par le président français, dont le président américain fera écho plus tard en soirée dans son discours au congrès américain, les deux hommes ont en tête des changements d’ordre législatifs relatif au fonctionnement de la finance nationale et internationale, au monde bancaire et aux jeux de la spéculation boursière. Obama et Sarkozy voient juste et leurs idées vont faire leur chemin.
Mais la vision des deux hommes seraient incomplète si les changements profonds évoqués ne s’adressent d’abord et avant tout aux fondements philosophiques régissant le système capitaliste mondial actuel. De là le deuxième élément que nous mettions en relief plutôt, celui évoquant la crise de la mondialisation. Ces deux éléments ont un principe en commun ayant causé la perte du capitalisme actuel et de manière subséquente la mondialisation : la finalité du système financier.
Rappelons-nous les grands chantres de mondialisation naissante au milieu des années 1980 qui de concert et à l’unisson ont tous vanté les vertus du néolibéralisme économique (Ronald Reagan, Margaret Tatcher, Brian Murloney entre autres) en jetant les bases d’un système financier et économique libéré de l’interventionnisme des États et où les grandes entreprises transnationales allaient devenir à la fois les régulateurs et les acteurs, en commençant par dérèglementer le système financier lui-même bien sûr.
Lorsque la chute du mur de Berlin est survenue en 1989 et presque immédiatement après l’effondrement de l’Union soviétique et des pays satellitaires, les chantres du néolibéralisme économique ont tous appelé l’avènement d’un nouvel ordre mondial, bien sûr apprêté à la sauce néolibérale. Dès lors la catastrophe que nous vivons tous depuis l’automne 2008 était prévisible dans un échéancier de plus ou moins vingt-cinq ans. On ne peut être juge et partie en même temps sans devenir l’artisan de sa propre perte à plus ou moins brève échéance et c’est ce qui est advenu de la mondialisation, du moins telle qu’imaginée et élaborée par les chantres du milieu des années 1980.
Là où Nicolas Sarkozy a fondamentalement raison est lorsqu’il déclare que nous serions irresponsables de ne pas apporter les changements profonds que la crise actuelle met en lumière. Pour être en mesure d’apporter des changements profonds et durables au plan législatif visant à réguler les marchés financiers et bancaires de l’externe par les gouvernements, il faut d’abord élaborer de nouveaux fondements, un nouveau paradigme.
La finalité du système financier qui vient de s’effondrer était le profit à tout prix et toujours plus en plus de profit, à très court terme, sans égard aux lendemains et sans aucune forme de moralité et d’éthique. Pourquoi en était-il ainsi? Tout simplement parce que l’être humain avait disparu des écrans radars et des fondements de la finance internationale. La finance actuelle a pour finalité la finance elle-même et c’est précisément là où est son talon d’Achille.
Que doit alors être la finalité de la finance? L’être humain lui-même. Si la personne humaine et sa dignité sont placées à la base et au sommet de la finalité du système financier, alors sa dynamique changera nécessairement, son fonctionnement changera, sa réglementation apparaîtra comme normale et l’intervention des États dans le système financier sera alors perçue comme nécessaire. L’erreur du néolibéralisme est d’avoir occulté la personne humaine et sa dignité du système financier mondial. L’une des grandes leçons évoquée par le président Sarkozy tout autant que le président Obama est que nous devons jamais perdre de vue que la finance internationale et l’économie ont pour seule finalité de servir l’être humain. En d’autres termes, la finance et l’économie ne sont pas et ne doivent jamais être une fin en soit, mais des moyens et des outils visant le développement équitable des individus peuplant les nations.
Strictement en élaborant ce paradigme nouveau, nous aurons alors non seulement la base nécessaire pour développer des législations appropriés au système financier international, mais nous auront fait d’une pierre deux coups en jetant les bases d’un véritable développement de la richesse servant équitablement chacun et chacune des personnes vivant en ce monde, et par ricochet un développement des nations de manière tout aussi équitable. Pourquoi ne pas rêver d’un monde meilleur et plus juste à la lumière de ces deux importants discours de cette semaine?
Normand Perry
Les Coteaux
Samedi, le 30 janvier 2010 19h00
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